Les transporteurs de la zone nationale ont effectué une descente le wee-kend dernier pour voir de près l’état de la RN4, reliant Antananarivo et Mahajanga, qui illustre bien l’état des autres routes nationales. Les dégradations s’aggravent, d’après leurs constats.
Les transporteurs ont effectué un déplacement aller-retour sur la RN4 pour constater de visu l’état de cette route. D’après eux, il fallait 9 h auparavant pour faire le trajet Antananarivo-Mahajanga, alors qu’aujourd’hui, cela prend plus de 12 h. « Le pont de Kamoro est toujours en mauvais état, alors que beaucoup d’argent y ont été dépensés, paraît-il. Comme il s’agit d’un pont sur une route nationale, le financement de l’entretien revient au FER (Fonds d’entretien routier). Certes, beaucoup d’argent y ont été dépensés mais le résultat n’est pas palpable. Qu’en est-il de la priorisation des travaux à faire, des solutions techniques adoptées ? Les travaux d’entretien exécutés ne résolvent pas les problèmes. Et la Banque mondiale s’est engagée à financer de nouveaux travaux. Par ailleurs, à partir de Maevatanàna, la route est en très mauvais état. Les transporteurs qui alimentent la caisse du FER jusqu’à hauteur de 70 %, via la redevance sur l’entretien routier, ne sont pas satisfaits de l’état des routes nationales. La RN4 n’est qu’un exemple, mais cette mauvaise situation concerne aussi les RN7, RN2, etc. », ont-ils déclaré au retour de leur voyage.
Choix. Une route réhabilitée dans les normes peut durer 10 à 20 ans si l’entretien est correct. Selon les spécialistes, il faut juste de petits travaux d’entretien sur les 5 à 10 premières années à l’exemple du curage des ouvrages d’assainissement, du désherbage des bords des routes, de l’intervention immédiate en cas d’apparition de trous, etc. Par ailleurs, il faut y ajouter les problèmes de surpoids des véhicules, l’utilisation de charrettes sur la route concernée. D’après le ministre des Travaux Publics, la durée de vie des routes réhabilitées dépend également des technologies choisies et de la qualité des travaux. Pour l’heure, il appartient au ministère des Finances et du Budget et du ministère des Travaux Publics de définir les priorités en entretien, le coût alloué et les solutions à adopter, comme le FER ne dispose pas d’un Conseil d’administration, depuis 2011. Ces allocations devraient être optimales, comme l’entretien routier ne dispose qu’aux environs de 100 milliards d’Ariary par an, soit un fonds équivalent à entretenir 6 000 Km de routes nationales sur les 12 000 à Madagascar. De plus, ces fonds ne sont pas toujours utilisés comme il faut, car seulement une partie est affectée à l’entretien des routes nationales, et le reste, à d’autres fins, par d’autres entités, comme la réhabilitation de routes dans les villes, à l’exemple du cas d’Antananarivo ou de Toamasina.
Politique. Le schéma convenable pour l’entretien routier n’est pas encore clair à Madagascar. Pour les transporteurs, il faut ériger en lois, certaines dispositions régissant le secteur, afin de stabiliser et pérenniser le système. « Nous contribuons fortement au financement du FER. Nous devrions avoir le droit à la parole concernant la priorisation des travaux à faire », ont évoqué les transporteurs. Par ailleurs, ces derniers prônent pour l’entretien à temps, qui est nettement moins cher que la reconstruction. Pourtant, cette reconstruction doit se faire dans certains tronçons à forte dégradation comme Ambohimahasoa-Fianarantsoa. Bref, pour les transporteurs, tout est question de priorisation et de solutions techniques : bien définir les RN à entretenir, mieux définir les solutions techniques et technologiques d’entretien, répondre au mieux à la mission principale du FER (financer les RN) et éviter ainsi les dérogations.
Antsa R.
