L’application du décret n°2014-1587 du 7 octobre 2014 sur l’interdiction de l’utilisation et de la commercialisation des sachets en plastique semble n’avoir pas fait long feu. Partout dans la ville, les sachets en plastique ont refait surface en toute quiétude.
Début du mois d’octobre, l’interdiction de l’utilisation, de la vente et de la production de sachets en plastique a fait un remous dans le pays. Les vendeurs se sont insurgés, prétextant que leurs recettes ont connu une baisse, puisqu’ils ne peuvent plus empaqueter les marchandises. Les consommateurs eux aussi ont haussé le ton, expliquant qu’il leur était tout simplement impossible d’apporter un sac d’une autre matière première pour faire leur marché. Tout le mois d’octobre, le sujet est passé puis repassé partout, dans les médias, les réseaux sociaux, les discussions à ciel ouvert… et petit à petit, les sachets d’une épaisseur inférieure ou égale à 50 microns ont peu à peu disparu de la circulation. Hélas, ce n’était qu’une bataille dans cette guerre lancée contre les sachets en plastique, en faveur de la protection de l’environnement. La lutte est encore très longue. Depuis quelques jours, les sachets fins inférieurs à 50 microns ont de nouveau refait surface. Offerts gracieusement par les marchands, ces sachets repeuplent de nouveau la capitale, sans qu’il n’y ait aucune mesure de sanction, ni même de rappel à l’ordre.
Sacs en papier. Pourtant, l’annonce et l’application de ce décret a ravi plus d’un. Il y a les militants pour l’environnement d’abord, qui ont eu droit à ce goût de la victoire. Pendant quelques semaines, on y croyait, les habitudes de comportement allaient changer… ou non. Il y a aussi les jeunes entrepreneurs, qui ont vu dans ce décret l’opportunité de développer un marché parallèle, puisque la demande est là, l’offre manque à l’appel. Plusieurs petites entreprises se sont donc lancées dans la fabrication de petits sacs en papier, pratiques également, et offerts gracieusement par les commerçants. Des entrepreneurs qui sont obligés de rattraper les coûts de production ailleurs, puisque contrairement aux sachets, les coûts de production des sacs en papier coûtent plus cher. Ces entrepreneurs se sont lancés dans les fabrications. Mais la remise en circulation de ces sachets fins remet en cause ce nouveau business.
On attend les nouvelles représailles, sinon, comme tout autre chose à Madagascar, ce décret et son application ne seront que des coups d’épée dans l’eau.
Anjara Rasoanaivo
