
Adoptée à l’issue de la 8ᵉ Semaine de l’Industrialisation de la SADC, la Déclaration d’Antananarivo marque un tournant stratégique pour l’Afrique australe.
Entre transformation agricole, transition énergétique et inclusion économique, la région pose les jalons d’un développement durable. C’est dans la capitale malgache qu’a été adoptée la Déclaration d’Antananarivo à l’issue de la 8ᵉ Semaine annuelle de l’Industrialisation de la SADC. Un événement régional d’envergure, tenu du 28 juillet au 1ᵉʳ août au Novotel Convention Centre, réunissant chefs d’État, ministres, experts, représentants du secteur privé et partenaires au développement autour d’une ambition commune : bâtir une Afrique australe résiliente, innovante et économiquement intégrée. Sous le thème « Faire progresser l’industrialisation, la transformation agricole et la transition énergétique pour une SADC résiliente », la rencontre a permis d’engager un dialogue stratégique de haut niveau sur les défis structurels de la région et les leviers d’action à activer. L’inauguration officielle, conduite par le président malgache Andry Rajoelina, a marqué la volonté de Madagascar de jouer un rôle moteur dans cette dynamique continentale.
Transformations nécessaires
Parmi les temps forts, le Forum d’investissement piloté par l’EDBM a mis en lumière les opportunités d’affaires dans les secteurs clés de l’économie locale. Le Dialogue d’affaires SADC–Inde, organisé en parallèle, a illustré l’importance croissante des partenariats Sud-Sud pour renforcer les chaînes de valeur et la compétitivité des États membres. La Déclaration finale fait état de constats clairs. Malgré une croissance économique positive dans certains pays, l’industrialisation reste timide, le commerce intra-régional plafonne à moins de 20 %, et les exportations de matières premières non transformées prédominent encore. Les chaînes de valeur, notamment agricoles, pharmaceutiques et minières, demeurent fragmentées et vulnérables aux chocs externes. Autre défi souligné : l’inadéquation entre les formations disponibles et les besoins technologiques des industries émergentes.
Engagements
Face à ce diagnostic, la SADC formule des engagements ambitieux. Elle appelle à la mise en place d’une facilité régionale pour les investissements agroalimentaires durables, à l’harmonisation des normes commerciales, à l’accélération de la stratégie d’économie circulaire, et à la valorisation des minéraux critiques à travers leur transformation locale. La transition énergétique, pilier incontournable, passe par des investissements dans les énergies renouvelables, la fabrication locale et les pôles d’innovation. Le tourisme, quant à lui, est positionné comme levier stratégique de développement industriel, en lien avec l’agriculture, les industries culturelles et les services. L’économie fondée sur la biodiversité – faune sauvage, bioprospection, écotourisme – est identifiée comme secteur porteur d’emplois et d’innovation. La Déclaration insiste également sur la nécessité de renforcer les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) par des mesures concrètes : soutien à la formalisation, programmes de développement des fournisseurs, accès au financement, insertion dans les chaînes de valeur structurées. Enfin, un appel est lancé pour accélérer la production régionale de médicaments essentiels, réduire les importations, et promouvoir la recherche pharmaceutique. La mise en œuvre de cette feuille de route reposera sur une coordination renforcée entre les États membres, le secteur privé, la société civile et les partenaires techniques. Le rendez-vous est déjà pris pour évaluer les progrès lors de la Semaine de l’industrialisation 2026.
Antsa R.