
C’est un endroit un peu reculé. Une zone qui regorge non seulement de matières premières, mais qui est également riche en légendes. Une campagne conservatoire où s’éternisent les mœurs. Bien entendu, elle renferme le mode de vie et une forme de culture les plus traditionnelles héritées des ancêtres. Un village qui héberge des guerriers, ces “fanôrolahy” qui ne quittent le “banja” (ring traditionnel malgache) qu’après avoir mis à terre leur adversaire.
Située dans le district de Diego II, à 52 kilomètres au sud de la ville de Pain de sucre sur la Route Nationale 6, la commune rurale de Sadjoavato est une pépinière… Depuis longtemps, d’après la légende, ce village a abrité des guerriers. Ces derniers se battaient jusqu’à leur dernier souffle, des véritables “spartiates”. Sur dix “fanorolahy” en compétition à Antsiranana, au moins quatre sont originaires de Sadjoavato. En effet, la forêt de cette contrée est favorable à l’entraînement de ces jeunes boxeurs traditionnels. Le morengy est le sport préféré des villageois. Sadjoavato est la capitale de ce sport depuis toujours. En d’autres termes, d’après la légende, c’est dans ce village que les rois recrutaient leurs soldats.
De la tradition vers une culture économique. Sadjoavato signifie littéralement « la cruche en pierre », un toponyme provenant d’une légende qui évoque la présence d’une cruche naturelle en pierre qui n’est visible que si on arrive à lancer une pièce de monnaie. En fait, ce village reste plus ou moins figé en termes de développement d’infrastructures. Négligée par les autorités locales et oubliée par le pouvoir central, la population quitte le lieu pour aller en ville en espérant avoir une vie meilleure. La commune regroupe deux villages : Sadjoavato hely et Sadjoavato Be. Si le village compte une forte proportion d’agriculteurs, il se démarque par une forte pratique de l’artisanat avec de la vannerie, mais surtout une grande concentration de forgerons. Avec leur savoir-faire traditionnel, les forgerons de Sadjoavato opposent une farouche résistance à la mondialisation en parvenant à produire de manière artisanale des matériels agricoles et pratiquant des activités d’élevage solides et à faible coût. Les forgerons de Sadjoavato fabriquent en effet quasi exclusivement trois types d’objets : la pelle traditionnelle très utilisée dans l’agriculture, le «messou be» (grand couteau) dont utilisation va de la récolte du riz aux tâches ménagères, et le coupe-coupe qui est l’outil à tout faire des habitants de la brousse. En dehors de ces outils, les forgerons de Sadjoavato réalisent d’autres travaux mais sur commande seulement : fabrication de charrettes à zébu, socs de charrues… Sadjoavato Hely est réputée pour son site touristique, la commune dispose des uniques tsingy rouges au monde. A 50 km au sud de Diégo-Suarez se trouve un groupe de tsingy rouges de toute beauté, surtout quand on profite de la belle lumière de l’après-midi. Ces tsingy sont issus d’une érosion appelée aussi lapiaz. Le mélange de différents oxydes et le travail du temps ont donné naissance à un ensemble de quelques centaines de petites cheminées de fée.
Village sillonné par Jean Ralaimongo. Pendant la colonisation, comme toutes les campagnes de la partie septentrionale de la Grande-Île, Sadjoavato attire les colons. Ils y plantent du riz, en outre, ses terrains sont destinés à la culture des légumes. Par conséquent, les terres sont spoliées par les “vazaha”. Cela a chamboulé le système des autochtones. De ce fait, Jean Ralaimongo débarque sur les lieux. Au chevet de ceux-ci, le nationaliste condamne les abus des colons. Dès lors, il reçoit le soutien du peuple opprimé. Actuellement, la commune rurale de Sadjoavato compte plus de 7.000 habitants. Elle contribue à l’économie d’Antsiranana. La riziculture et la production de charbon vert sont les principales sources de revenu.
Iss Heridiny