
Cette affaire risque de provoquer des frictions entre deux officiers supérieurs de la Gendarmerie.
Commémoration sous haute tension. C’est ainsi que l’on peut qualifier la célébration hier du 69e anniversaire de l’insurrection populaire de 1947. En effet, le régime a décidé d’utiliser la manière forte pour empêcher les partisans du « Miaraka Amin’i Prezida Andry Rajoelina » (MAPAR) dirigés par le Sénateur Lylison René de Roland de se rendre au Mausolée d’Avaratr’Ambohitsaina. Et ce, même si l’ancien Directeur de la Force d’Intervention Spéciale (FIS) a obtenu une autorisation émanant de la Préfecture de Police d’Antananarivo pour cette manifestation. A Ambohijatovo, la tension est montée d’un cran lorsque les forces de sécurité présentes sur le lieu ont bloqué l’entrée à la sono-mobile et aux partisans du MAPAR. Ils ont dû attendre la fin de la cérémonie officielle de commémoration dirigée par le Premier ministre, le Général Jean Ravelonarivo avant de déposer à leur tour une gerbe de fleurs devant la stèle commémorative du 29 mars. Par ailleurs, seuls les élus MAPAR composés, entre autres, du Sénateur Lylison et des députés Lanto Rakotomanga, Ratsivalaka Michelle, Mamod-Ali Hawel et consorts ont été autorisés à accéder au site. A noter pourtant qu’avant le MAPAR, le couple Ravalomanana et la présidente nationale du Parti Libéral Démocrate, Saraha Rabeharisoa ont pu effectuer un devoir de mémoire envers les anciens combattants.
« Diabe ». Après Ambohijatovo, les partisans du Colonel Lylison René de Roland ont décidé d’improviser un « diabe » vers le Mausolée d’Avaratr’Ambohitsaina où un autre dépôt de gerbes est aussi prévu. En cours de route, le mouvement s’est renforcé. Bon nombre de tananariviens ont rejoint la grande marche. C’est certainement la raison pour laquelle le Général Florens Rakotomahanina et les troupes de l’Emmoreg ont décidé d’intervenir. Après quelques interventions ratées, les forces de l’ordre ont décidé d’utiliser la manière forte. Lorsque les manifestants dirigés par les élus MAPAR sont arrivés à Antanimora, des grenades lacrymogènes ont été envoyées à leur encontre. Le Sénateur Lylison a été particulièrement visé. D’ailleurs, le pare-brise de sa voiture utilisée pour transporter les matériels de sonorisation a été cassé. Emporté par la colère, l’ex-numéro Un de la FIS a lancé un véritable défi à l’encontre du Commandant de l’Emmoreg. « Je n’ai pas peur de vous si c’est un combat d’hommes. Je pourrais aussi amener des troupes. Seulement aujourd’hui, j’ai décidé de n’emmener que des civils », a-t-il lancé. A noter en effet que cette intervention musclée des forces de l’ordre a fait de nombreuses victimes collatérales. Bon nombre des habitants d’Antanimora et des quartiers environnants ont dû évacuer leur maison. Plusieurs enfants ont également été asphyxiés par les bombes lacrymogènes.
Frictions. En tout cas, bien malgré cette altercation, le Sénateur Lylison et ses partisans ont quand même pu rejoindre le Mausolée. Pourtant, à leur arrivée sur le lieu, le ton est aussi monté lorsque le responsable du protocole au niveau de la Présidence de la République a empêché aux partisans du MAPAR de déposer leur gerbe de fleurs avant le président Hery Rajaonarimampianina. Quoiqu’il en soit, cette affaire risque de provoquer des frictions entre deux officiers supérieurs de la Gendarmerie, à savoir le Général Florens Rakotomahanina et le Colonel Lylison René de Roland. L’unité de la gendarmerie risque également d’être remise en cause. Au cours d’une interview, ce dernier a demandé au numéro Un de l’Emmoreg de remplacer le pare-brise de sa voiture. « Sinon vous allez voir la suite de cette affaire », a-t-il averti. Une menace à peine voilée lancée contre son ancien frère d’armes. Selon ses dires, « c’est le Commandant de l’Emmoreg qui a enfreint la loi en ordonnant à ses troupes d’utiliser la force contre une manifestation pacifique ». Ce membre de la Chambre Haute n’a également pas manqué de rappeler qu’il a obtenu une autorisation émanant de la Préfecture de Police pour déposer des gerbes à Ambohijatovo et à Avaratr’Ambohitsaina. « La commémoration du 29 mars n’est pas réservée uniquement aux dirigeants, c’est une affaire de tous les malgaches », a-t-il soutenu. Suite à cette affaire, le Sénateur Lylison René de Roland s’est porté volontaire pour diriger une lutte contre les injustices commises à l’encontre du peuple malgache. Histoire à suivre.
Davis R