Si le décret N° 2019-927 fixe le salaire minimum d’embauche à 200 000 Ariary pour la catégorie M1, son application demeure incertaine. Différents facteurs sont avancés pour expliquer la situation.
«Sale ère pour le salaire». Une expression empruntée et qui décrit le mieux la situation dans laquelle se trouvent de nombreux employés depuis la crise liée à la Covid-19. En effet, les mesures relatives à l’état d’urgence sanitaire ont provoqué des chocs brusques dans le quotidien des foyers malgaches en impactant de façon néfaste sur les conditions de travail. Si la situation ne s’est pas améliorée depuis, l’on s’interroge toutefois sur l’application du décret N°2019-927 fixant le salaire minimum à l’embauche à 200 000 Ar. Un décret qui entend participer à la mise en œuvre du travail décent abusivement prônée par les acteurs du monde de l’emploi et du travail. Une application dont le ministère de l’Emploi, du Travail et des Lois sociales, via les contrôleurs et inspecteurs du travail devrait faire respecter mais qui n’est toutefois pas possible jusqu’alors étant donné la grève continue des concernés. Ayant débuté au mois de novembre 2020, la cessation d’activité des contrôleurs et des inspecteurs du travail dure actuellement six mois et ne semblerait pas prendre fin dans les jours à venir. «Nous attendons du ministère de tutelle, la satisfaction de nos revendications. Nous campons sur notre position», interpelle un syndicaliste qui a préféré taire son nom par peur de représailles.
Otage. Si les deux parties ne semblent pas vouloir trouver un terrain d’entente, la situation expose les travailleurs à de nombreux abus de la part de leurs employeurs. La non application du salaire minimum de 200 000 Ar à l’embauche en est une parfaite illustration. De nombreux employés du secteur privé déplorent, en effet, une dégradation considérable de leurs conditions de travail. «Les employeurs savent que pour un employé, perdre son emploi n’est en aucun cas une option dans le contexte qui prévaut actuellement. Ils savent également que les temps sont durs et que les gens ne choisissent pas trop du moment qu’ils peuvent espérer un semblant de stabilité. Ce qui fait que peu importe si l’employeur le recrute largement en deçà du salaire minimum de 200 000 Ar pour la catégorie M1, une personne en quête d’emploi acceptera facilement parce qu’elle sait que les demandes sont actuellement nombreuses suite aux milliers d’emplois perdus depuis 2020», déplore Naina (nom d’emprunt) délégué du travail dans une société franche de la capitale. D’autres manquements aux obligations des employeurs, des abus et des injustices de toutes formes sont également dénoncés par les syndicats. Des plaintes et interpellations qui sonnent actuellement comme des cris dans le désert.
José Belalahy