L’opposition politique malgache s’impatiente. Il lui tarde de faire chuter le régime en dénonçant toutes les bourdes qu’il a faites ou qu’il est entrain de faire. Néanmoins, la population, échaudée par les expériences vécues dans le passé, n’est pas près de suivre les appels à manifestation lancés depuis un certain temps.
Se battre sur le terrain des idées
Les Malgaches sont durs à la douleur et leur patience est légendaire. Ils ont avalé beaucoup de couleuvres depuis l’accession de Hery Rajaonarimampianina à la magistrature suprême. Ils ont exprimé leur frustration, en évoquant ses promesses non tenues. Ils ont supporté difficilement les multiples privations de ces deux premières années de mandat et ont résisté à la tentation de descendre dans la rue. Aucun leader charismatique n’est apparu pour être leur porte parole, tous ceux qui voulaient jouer ce rôle étaient de vieux chevaux de retour. Tous ont peu ou prou été au pouvoir avant de rejoindre l’opposition. Le mouvement de protestation des journalistes a suscité l’intérêt de l’opinion, car le combat pour la liberté de la presse est noble et a commencé à avoir un effet d’entraînement. La campagne d’explication sur le code de la communication remaniée par le gouvernement a atteint son objectif. Pour beaucoup de citoyens, la manière d’interpeller le régime sur tous ses manquements était pertinente. Ils sont venus nombreux pour épauler les journalistes lors de leur manifestation à Ankorondrano, mais ils ont été refoulés par les forces de l’ordre. Des hommes politiques ont ensuite publiquement exprimé leur sympathie pour le mouvement et le pouvoir en a tout de suite profité pour crier à la récupération. Depuis, cela entâche la réputation du combat mené par le monde de la presse. Le mouvement des journalistes pour la liberté d’expression n’a plus son aura des débuts. Le régime a retrouvé une certaine combativité et est même en train de semer la zizanie chez les journalistes. Il est peut-être temps de se remobiliser et de se battre sur le terrain qui nous est familier : celui des idées.
Patrice RABE
