
Cette année 2022 a été décrétée par l’Assemblée Générale des Nations Unies comme étant « l’Année Internationale de la Pêche et de l’Aquaculture artisanales ».
A cette occasion, les petits pêcheurs regroupés au sein des fédérations et du réseau Mihari ont émis diverses recommandations à l’issue de leur participation aux trois ateliers de réflexions sur l’opérationnalisation des réglementations en faveur de la sécurisation de leurs zones de pêche. L’objectif vise à assurer la durabilité de la pêche artisanale dans le contexte de la
sécurité alimentaire et de l’éradication de la pauvreté. Avant tout, ils réclament à tout prix la sécurisation de leurs zones de pêche. Parmi les recommandations émises, ces petits pêcheurs ont demandé à ce que le dispositif de contrôle du Centre de Surveillance de Pêche soit renforcé. Ainsi, le renforcement de capacités de ce centre, en dotation en ressources humaines, financières et matérielles devrait être une priorité de l’administration des pêches pour une gestion des pêches effective à Madagascar. En outre, il faut mettre en place et institutionnaliser les dispositifs de contrôle et surveillance communautaire. A ce titre, les petits pêcheurs pourraient bien jouer le rôle de structure-relais du centre de surveillance de pêche, selon leurs dires.
Persistance des conflits. En outre, il importe de renforcer l’application des textes (arrêté 211-2017) institutionnalisant le transfert de gestion des aires de pêche traditionnelles des communautés, qui constitue le prérequis de la mise en place du contrôle et de la surveillance communautaire. Force est également de constater que malgré l’existence de dispositifs et des instruments réglementaires et juridiques sur la répartition des zones de pêche entre les différents segments des pêches à Madagascar, les conflits entre la petite pêche et la pêche industrielle continuent de persister. Les autorités compétentes doivent ainsi se pencher sur les problèmes de transgression des réglementations sur les pas géométriques en vue d’une meilleure cohabitation entre le secteur de la pêche et celui du tourisme. En effet, le litige entre les opérateurs touristiques et les petits pêcheurs constitue une menace à la sécurisation de l’accès aux zones de moyens de subsistance.
Protection de leurs droits d’accès. Par ailleurs, les réglementations interdisant les autres segments que celui de la petite pêche dans la zone au moins inférieure à 2 milles marins vont dans le sens de l’intérêt des petits pêcheurs malgaches. Les pêcheurs saluent cette décision prise par l’administration, répondant à la motion déposée par le réseau Mihari en 2017. Il s’est avéré que ces réglementations ne suffiraient pas à sécuriser les droits des petits pêcheurs selon leur perception. La reconnaissance des droits des pêcheurs devrait en effet se matérialiser à leur sens par la protection de leurs zones de pêche traditionnelles. Les communautés de pêcheurs ont une vision très précise de leur zone de pêche traditionnelle, surtout lorsque des repères naturels sont présents. Les communautés de pêcheurs réclament ainsi leur droit de propriété sur ces périmètres et leur droit de jouir des ressources qu’ils contiennent. Ils réclament en effet une reconnaissance et une protection officielles et exclusives de leurs droits d’accès. La délimitation de 2 milles marins serait un peu floue, selon leurs dires. En outre, la sécurisation des zones d’habitation traditionnelle des communautés de pêcheurs doit figurer dans les priorités de la politique foncière nationale.
Professionnalisation du métier de la petite pêche. A part cela, une autre recommandation sur l’appui à l’organisation et la structuration des organisations professionnelles de la petite pêche est de mise. Ce qui permettra de défendre les droits des petits pêcheurs dans l’exécution des devoirs qui leur incombent dans la gestion durable des ressources halieutiques. La professionnalisation du métier de la petite pêche à travers la distribution des cartes professionnelles de pêcheurs et l’immatriculation des pirogues, n’est pas en reste. Mais avant tout, les petits pêcheurs réclament à tout prix la sécurisation de leur zone de pêche. Tout cela ressort d’un document consignant la perception par les petits pêcheurs malgaches sur la sécurisation de leur zone de pêche traditionnelle après avoir identifiés les principales contraintes et obstacles à la mise en application des textes réglementaires en vigueur. Ce document a été réalisé sous le patronage de la Confédération Africaine des Organisations Professionnelle de la Pêche Artisanale (CAOPA) avec le support de la Coalition pour des Accords de Pêche Equitable (CAPE) ainsi que l’appui du ministère de la Pêche et de l’Economie bleue.
Navalona R.