Le bras de fer entre l’Etat et les opérateurs miniers concernant le projet de nouveau code minier témoigne de la crise que traverse actuellement le secteur
Représentant plus de 40% des investissements directs étrangers et environ de 30% à 60% des recettes en devises, le secteur minier est appelé à jouer un rôle déterminant dans la relance économique de Madagascar.
Crise
Et pourtant le secteur ne se porte visiblement pas bien. Deux grandes entreprises minières traversent actuellement une crise. Après plus de 20 ans d’exploitation, QMM considéré comme le géant de l’ilménite annonce des millions de dollars de pertes, au point d’intriguer l’Etat malgache qui détient une partie du capital et qui a fait initier une enquête sur la gestion de la compagnie. Base Toliara qui est aussi sur le chemin de l’exploitation de l’ilménite n’est pas aussi bien lotie. Face notamment aux contestations populaires, le projet est en suspens, en attendant le bouclage d’un certain nombre de procédures. Pour le moment seule Ambatovy, la compagnie qui exploite le nickel et le cobalt dans la région Est du pays semble résister, mais on sait qu’elle n’est pas non plus à l’abri de l’instabilité des cours de ces deux produits qui apportent au pays d’importantes recettes en devises. L’autre crise qui menace le secteur minier se situe au niveau des débats sur le projet de nouveau code minier. En défendant notamment que les grandes entreprises minières, du moins une partie, n’apportent pas comme il faut au développement économique du pays, l’Etat s’est décidé à prendre les choses en main, avec notamment ce projet de réviser à la hausse la fiscalité minière.
Lourde fiscalité
Durant le dernier Salon des mines qui s’est tenu au Mininb Business Center, le Premier ministre Christian Ntsay a clairement signifié l’intention du gouvernement de faire en sorte que le secteur minier participe davantage au processus de développement économique. Avec notamment cette idée d’augmenter fortement les redevances minières sur ces grandes exploitations. Une intention qui a provoqué le tollé général des opérateurs miniers, mais aussi de la société civile. D’après ces derniers, une lourde fiscalité portera un coup fatal à l’attractivité du secteur minier malgache. Ce projet de nouveau code minier est considéré comme « antiéconomique » par les professionnels du secteur ainsi que par la société civile. Un texte considéré, par ailleurs comme incompréhensible sur certains points, dont notamment cette idée d’octroyer à l’Etat 20% de la production minière.
Impasse
En tout cas, le secteur minier malgache se trouve de nouveau dans une sorte d’impasse et le bras de fer entre les opérateurs et le gouvernement risque de compliquer les choses. Un terrain d’entente sera-t-il trouvé afin de sauver les meubles pour le secteur minier qui peut encore jouer un rôle de premier ordre dans l’avenir économique du pays. En effet, d’après la Banque mondiale, en 2024, le secteur minier sera l’un des piliers de l’économie malgache par les retombées qu’il produira au plan national et au plan local ; il sera par ailleurs la vitrine internationale pour le développement industriel sur le territoire de la Grande Ile.
Recueillis par R.Edmond.