Le secteur textile emploie environ 105 000 personnes, en matière d’emplois directs à Madagascar. Ce chiffre grimpe à 180 000 emplois lorsque l’on y rajoute le secteur informel.
Si le secteur textile est connu pour son implication dans l’économie du pays (représente environ 19,35% du PIB du pays, 7% des Investissements directs étrangers, une valeur pécuniaire des exportations d’environ 545 millions USD entre 2008 et 2019), une étude portant sur le travail décent pour une chaîne d’approvisionnement du textile et de l’habillement juste, résilient et durable à Madagascar au lendemain de la covid-19 dresse un tableau sombre des conditions des travailleurs malgaches. Mis en œuvre dans le cadre du projet « Chaine d’approvisionnement durable pour mieux reconstruire, mis en place depuis 2021 », cette étude a pour objectif de « faire des examens approfondis des opportunités et défis pour le travail décent dans la chaîne d’approvisionnement du textile à Madagascar ». Menée sur la base d’enquête qualitative et quantitative auprès d’employeurs, de travailleurs, et de représentant du gouvernement malgache, elle révèle que« près des 48% des femmes qui travaillent n’ont pas droit à leur congé de maternité. Et parfois même, elles n’ont pas le temps pour allaiter leurs enfants ». « Une situation qui est quand même préoccupante» ainterpellé Dr CoffiAgossou, directeur pays du bureau de l’organisation internationale du travail (OIT) pour Madagascar, Mayotte, Comores, Maurice et Seychelles lors d’une conférence de presse organisée à Andraharo hier.
Lacunes
L’étude révèle également que « 42,8% des travailleurs dans la chaîne d’approvisionnement du textile œuvrent dans l’informel et que 43% vivent avec moins de 9000 Ar par jours ».Des conditions qui sont loin de la décence malgré l’importance du secteur dans la vie économique du pays. Ce, dans la mesure où selon les chiffres, Madagascar est le deuxième pays exportateur de textile en Afrique Subsaharienne. Ainsi, l’étude vise à mieux « comprendre ce qui se passe dans le secteur et proposer des recommandations pour une industrialisation plus compétitive et durable ».La conférence de presse d’hier a également permis de savoir « qu’il n’existe pas vraiment de mesures coercitives émanant du gouvernement qu’on peut intenter à l’encontre des entreprises en cas de manquement aux obligations envers les travailleurs ». Du côté du ministère du Travail, le plus important serait de détecter les manquements à la source via les missions d’inspection et de contrôles menées par ses agents auprès des différentes entreprises.« Les inspecteurs de travail n’ont pas le droit de sanction en cas de manquement à des obligations. Ce qu’ils font c’est de concilier les employeurs et les travailleurs afin de trouver un terrain d’entente. L’inspection du travail adresse ensuite des procès-verbaux auprès des tribunaux en cas de constatation d’infraction au Code du travail », a-t-on expliqué hier.
José Belalahy