Les yeux de tous les Malgaches se sont braqués vers les transporteurs suite à la hausse des prix à la pompe et celle des tarifs des transports. La part de responsabilité de l’État a été soigneusement travaillée par les autorités via quelques mots comme «fitsinjovana ny vahoaka» dans le processus de limitation des tarifs. Mais cela s’arrête-t-il là ?
«En matière de transport, l’on ne voit pas vraiment le côté social des initiatives étatiques». Propos de Rajean, transporteur qui assure la desserte Antananarivo-Mahajanga. Ce dernier entend par «côté social des initiatives étatiques» divers facteurs comme «la garantie de la sécurité le long des routes nationales». «Il est de la responsabilité de l’État de garantir aussi bien aux passagers qu’aux transporteurs la sécurité alors que les attaques de dahalo se font tous les jours et toutes les nuits. Les cas rapportés dernièrement sur la route nationale numéro 6 en sont de parfaites manifestations», explique Rajean. Avant de tonner pour lui « l’État a failli à son obligation et à sa mission sur ce point car on craint toujours aussi bien pour nos biens que pour nos vies lorsque l’on longe ces routes nationales».
Piteux. Rajean renchérit ensuite sur la question relative à la qualité des routes nationales dans le pays. «Nos routes sont dans un piteux état. Le gouvernement fait, certes, des efforts pour les améliorer mais ce que nous constatons, c’est que les réhabilitations sont faites sans le moindre respect des normes», déplore Rajean. Avant de glisser en filigrane «on connaît tous la pratique des réhabilitations tip top. On réhabilite les routes chaque année mais cela ne tient que quelques mois, voire quelques semaines». Ces facteurs impacteraient de façon conséquente les activités des transporteurs. «L’insécurité nous coûte cher tout comme le mauvais état des routes. Ce dernier se répercute sur le budget alloué aux entretiens de nos véhicules. Et je peux vous dire que lorsque l’on regarde la répartition de nos budgets, surtout avec l’inflation galopante et la hausse des prix à la pompe, le volet entretien explose», explique Rajean dérouté. Profitant de notre entretien, notre source d’interpeller l’État sur la profusion des pièces de contrefaçon dans le pays. «On se demande ce que fait le gouvernement face à cette situation. Les pièces de contrefaçon pullulent. Est ce qu’il y a un contrôle de ce genre de marchandises à l’entrée du pays car je vous le dis, ces produits, en plus de nuire à notre activité, sont dangereux pour la sécurité des passagers», nous a-t-il confié. Avant de prendre l’exemple des plaquettes et des disques de frein. «Imaginez une seconde ce qui se passerait si les freins de contrefaçon lâchent alors qu’un véhicule est lancé à vitesse nominale sur les routes nationales. Après, on impute toujours la faute aux conducteurs», conclut Rajean.
José Belalahy