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vendredi, décembre 20, 2024
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Sécurité alimentaire : Les lourdes conséquences de sa négligence 

A l’ occasion de la journée nationale de nutrition et le lancement du 20ème anniversaire de l’ONN, des dons de PPN ont été offerts aux mères d’enfants souffrant de malnutrition dans deux centres de nutrition communautaires de Fénérive-Est.

La célébration de la 19ème journée de la nutrition le 30 novembre dernier à Fénérive-Est a été précédée d’une série de conférences destinées à mettre en exergue l’importance de l’approche multisectorielle dans la lutte contre la malnutrition et les enjeux de cette lutte.

« Cette lutte ne peut être assurée par un seul secteur »,  avait bien souligné le professeur Hanta Marie Danielle Vololontiana, coordonnateur national de l’Office national de nutrition ou l’ONN. 

Pour bien illustrer l’implication des différents secteurs dans le système alimentaire, la FAO, un des partenaires de Madagascar dans cette lutte contre la malnutrition, a justement présenté un scénario de la vie quotidienne d’une famille malgache vivant en zone rurale. L’objectif étant aussi de démontrer ce qui peut être amélioré dans le domaine de la nutrition.

Comment le système alimentaire influe-t-il sur l’amélioration de la nutrition ? 

Le scénario met en scène un homme de 35 ans et une femme de 30 ans qui vivent dans une communauté ayant subi une sécheresse sévère. Ils sont cultivateurs de maïs, élèvent quelques vaches et quelques chèvres. La femme est enceinte. Ils ont, en outre, quatre enfants dont un enfant de huit mois, une fille de quatre ans et deux garçons. 

Vie agricole défiée par la sécheresse

Ils cultivent le maïs dans une petite parcelle non irriguée dont la fertilité du sol est grandement diminuée à cause de la sécheresse chronique. Ils consomment essentiellement ce qu’ils produisent. Un jardin potager a été aménagé pour planter des légumes tels que des tomates et des légumes à feuilles, lequel a vite été délaissé en raison de la sécheresse. 

Un grand nombre de leur bétail est mort à cause de la sécheresse, les obligeant à réduire leur consommation de lait et de produits laitiers.

Isolement à cause de l’état des routes 

À cause du mauvais état des routes, les produits frais tels que les légumes,les  fruits et les poissons sont très rarement acheminés vers leur localité. 

Stockage et conservation de récolte improbable 

En période faste, leur récolte ne peut être correctement stockée pour plusieurs raisons. L’essentiel de la récolte est vendue, pour des besoins financiers, mais également parce que les réserves de maïs sont endommagées par des rongeurs, des insectes et des champignons. Ce qui fait qu’en période de soudure, la famille est obligée de manger des récoltes avariées et surtout d’acheter de la nourriture. 

La transformation, une autre manière de conserver la production est encore difficile, faute de moyen adéquat. Moudre le maïs se fait essentiellement de manière traditionnelle, un moyen archaïque qui n’améliore ni le rendement ni sa qualité. 

Le genre également sur le tapis

Les us et coutumes et les croyances impactent également sur l’état nutritionnel de la petite famille. Puisque la nourriture se fait de plus en plus rare, la mère de famille qui est pourtant enceinte, réduit sa portion de nourriture et celle de sa fille, afin de veiller à ce que son mari et ses garçons aient assez à manger. De plus, elle supprime les œufs et certains légumes de son alimentation, sur les conseils de sa belle-mère qui les déclare dangereux pour sa santé pendant la grossesse ou l’allaitement. 

Le problème de l’eau et de l’hygiène 

Lorsque la mère de famille cuisine, la salubrité des aliments n’est pas toujours assurée. Il n’y a pas de source d’eau près de la maison, le savon n’est pas toujours disponible. Pendant ce temps, les animaux rodent.

Plusieurs types de malnutrition

Durant la période de soudure, la famille dispose de moins de denrées de base, cela réduit l’apport énergétique, d’autant plus que la production de maïs a reculé. Tout cela affecte leur situation nutritionnelle. La femme souffre d’insuffisance pondérale et d’anémie. Leur enfant, âgé de 8 mois, est émacié, il souffre de malnutrition aiguë. Leur fille de 4 ans accuse un retard de croissance, puisqu’elle souffre de malnutrition chronique. Tous les enfants souffrent de diarrhées épisodiques. Tous les membres de la famille souffrent de multiples carences en micronutriments, surtout au cours de la période de soudure. En résumé, la famille souffre de plusieurs types de malnutrition. De plus, l’enfant que porte la mère dans son ventre souffre déjà de malnutrition alors qu’il n’est pas encore né.

Cinq secteurs-clés à prendre en compte

D’après ce scénario qui, malheureusement, est à l’image de la vie de beaucoup de familles malgaches vivant en milieu rural, plusieurs secteurs qui sont interdépendants, sont à prendre en compte. Dans la politique nationale de nutrition et le plan national d’action multisectorielle pour la nutrition, cinq secteurs ont été priorisés : la santé, l’éducation, la protection sociale, le planning familial, l’eau et l’hygiène et l’assainissement.  

Solutions proposées par la FAO

Pour la FAO ou Food agriculture organization, en particulier, puisqu’elle est spécialisée dans l’agriculture, la sécurité sanitaire des aliments est souvent négligée et pourtant elle a son importance dans le système alimentaire. Elle propose plusieurs solutions pour commencer la lutte contre la malnutrition : la mise à disposition des agriculteurs de semences bio-fortifiées, la promotion d’élevage à cycle court, l’introduction d’espèce de volaille de race améliorée, l’adoption de pisciculture en cage…

Pour le stockage et la conservation des récoltes, la FAO travaille actuellement sur le traitement post-récolte pour des greniers respectant les normes, luttant contre l’aflatoxine, un champignon qui pousse dans les céréales et les légumineuses et qui peut avoir des effets néfastes sur la santé.

La mise en place d’activités génératrices de revenus pour ces agriculteurs fait également partie de ces stratégies, sans oublier le renforcement de capacités des staffs techniques, les sensibilisations sur la consommation. Même la résilience face aux changements climatiques doit être pris en compte … En tout cas, beaucoup reste à faire dans cette lutte contre la malnutrition qui, finalement, ne touche pas uniquement les enfants de moins de cinq ans.

Hanitra Andria 

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