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samedi, juillet 5, 2025
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SeFaFi : « L’électricité a toujours été un jouet aux mains des politiciens»

L’observatoire de la vie publique connue pour ses remarques pertinentes sur les affaires nationales a cette fois-ci parlé du vécu quotidien des gens, plus précisément, il a touché mot de l’électricité qu’il considère comme un droit fondamental, tout comme celui de nourrir ou d’avoir un travail décent.

Chiffres à l’appui le SeFaFi de constater qu’1,4 milliard de personnes n’auraient pas accès à l’électricité dans le monde, dont sept personnes sur 10 en Afrique subsaharienne. 85% des Malgaches en font partie puisque le taux d’accès à l’électricité y est aujourd’hui de 15%. Il était de 11% en 1998, avant la libéralisation du secteur par le biais de la loi n° 98-032 du 20 janvier 1999 portant réforme du secteur Électricité à Madagascar. Nous n’aurions donc progressé que de quatre  points en 20 ans. Et le SeFaFi de se demander, pourquoi ? Secteur stratégique s’il en est, le secteur de l’énergie en général et de l’électricité en particulier est peu analysé, et souffre d’une indifférence collective qui ne s’estompe passagèrement qu’à l’occasion d’un délestage ou de la hausse des prix du carburant. Les Malgaches figurent parmi les plus grandes victimes de la pauvreté énergétique alors qu’à Maurice et aux Seychelles, le taux d’électrification est quasiment de 100%. La taille du territoire influe certainement sur la vitesse d’électrification d’un pays, mais il existe d’autres paramètres que nous sommes loin de maîtriser. La volonté politique en fait partie.

Code de l’électricité. La loi n° 2017-020 portant Code de l’électricité à Madagascar a été promulguée le 10 avril 2018, après une gestation assez laborieuse de presque deux ans. Elaboré dans le cadre de la mise en œuvre de la Nouvelle Politique de l’Energie (NPE) adoptée en 2015, le Code de l’électricité est supposé, entre autres objectifs, accélérer l’accès de 70% des ménages malgaches à l’électricité d’ici 2030. Et ce, à travers l’adoption d’un mixe énergétique composé à 85% de sources d’énergies renouvelables. L’hydroélectricité est aux premières loges car c’est la source d’énergie la plus disponible dans le pays, avec un potentiel de 7.800 MW, dont seulement 2% sont exploités aujourd’hui….Le Code de l’électricité clarifie et redéfinit par ailleurs les attributions des différentes institutions responsables du secteur, car il a été prouvé que le flou institutionnel et la détention de superpouvoirs par l’administration figuraient parmi les facteurs de blocage les plus importants ayant freiné l’électrification du pays depuis des décennies. L’Office de Régulation de l’Électricité (ORE) a désormais le statut d’autorité administrative indépendante et devrait disposer d’une plus large marge de manœuvre dans l’exercice de ses missions, qui comprennent notamment la fixation et la publication des prix réglementés d’électricité et des redevances de transit ainsi que la surveillance de leur application, la promotion de la transparence au sein du secteur à travers la publication de tous les avis généraux, des appels à la concurrence et des avis sur son site internet, le règlement des différends entre les acteurs du secteur, et la surveillance de la concurrence et de la qualité de service…Malgré tout, l’existence d’un nouveau cadre juridique en accord avec la NPE et conforme à l’Objectif de développement durable n° 7 – Énergie propre et à un coût abordable – ne suffit pas : il risque de n’être qu’une coquille vide si les mauvaises habitudes persistent et si la gouvernance du secteur électricité ne s’améliore pas de façon drastique.

Efficacité. L’électricité a été toujours un jouet aux mains des  politiciens, un outil de propagande dont l’efficacité repose sur le fait qu’il demeure un produit de luxe pour la plupart des Malgaches – si tout le monde y avait accès, il ne serait plus si attrayant ! On finit même par se demander si les Malgaches ne sont pas volontairement maintenus dans le noir, tout comme ils le sont dans l’ignorance et dans le manque d’instruction, afin de rester malléables et influençables, et pour que puissent se dérouler en toute impunité les magouilles de toute nature. Difficile par exemple d’oublier les promesses illusoires d’un certain candidat aux présidentielles de résoudre le problème du délestage en trois mois, alors que les racines dudit problème remontent à des années, voire des décennies de mauvais calculs financiers, de détournements et de négligences au sein de la JIRAMA. Car le délestage est simple à comprendre : il résulte de la vétusté des installations, du manque de combustibles (faute d’argent ou d’approvisionnement), ou encore du manque d’eau en période d’étiage. Mais il est moins simple à vaincre du jour au lendemain.

Pour sauver la JIRAMA, il faudra d’abord « guérir » sa dépendance aux hydrocarbures qui lui coûte – ou, plutôt, qui « nous » coûte, étant donné que les subventions sortent de nos poches – des milliards d’Ariary par mois. Il faudrait ensuite oser la restructurer en cédant les centres déficitaires au privé afin de pouvoir entretenir les grandes centrales dans les règles de l’art. Le respect des textes sur les ajustements tarifaires s’impose également afin d’éviter les hausses abruptes qui mettent les nerfs des abonnés à vif, ou bien les baisses de tarif qui peuvent sans doute amuser les foules mais ont des impacts nocifs sur la santé financière à long terme de l’entreprise. Pour que le caractère stratégique du secteur énergie, incluant les sous-secteurs de l’électricité, de la bioénergie et des hydrocarbures, ressorte pleinement et devienne un véritable levier de développement, la planification doit être menée de façon rationnelle à tous les niveaux, les acteurs doivent agir au nom de l’intérêt général et les procédures doivent être transparentes et sans équivoques.

Recueillis par Dominique R.

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