Dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus, le SeFaFi dresse un diagnostic alarmant et soutient que le système de santé du pays est malade.
Le pays affronte la propagation du coronavirus depuis une semaine. Mais « les fragilités de son système de santé risquent d’handicaper la lutte » a signalé l’Observatoire de la vie publique (SeFaFi) dans un communiqué en date du 30 mars, et dispatché à la presse ce 1er avril. Cette organisation de la société civile a en effet fait abstraction des défaillances sur plusieurs niveaux du système de santé du pays, dans le cadre de cette lutte qui s’annonce compliquée eu égard au ravage qu’a fait le virus sur plusieurs vies humaines à l’échelle planétaire.
La propagation du virus est loin d’être maîtrisée, et son remède reste toujours introuvable. Dans ce contexte, le SeFaFi est allé droit au but en crevant l’abcès sur les maux qui rongent le secteur de la santé, qui n’a jamais été au centre des plus grandes préoccupations des gouvernements successifs. L’Etat, en premier lieu, dans son « rôle de garant du bien-être de la population », est de ce fait loin d’être épargné des critiques du SeFaFi. « Le budget alloué annuellement au secteur de la santé est notoirement insuffisant, et n’arrive qu’à grand-peine à soutenir un secteur vacillant et perfusé, qui survit grâce à l’aide des bailleurs de fonds ». Ce manque de soutien financier de l’Etat affecte la disponibilité des ressources au niveau des centres de santé et des hôpitaux du pays. Ainsi, « le citoyen s’interroge sur la réelle capacité d’accueil des hôpitaux, sur le nombre de lits, de médecins, d’infirmiers, etc. » interpelle le SeFaFi.
Mais l’Etat n’est pas le seul élément du mécanisme qui empêche le système de santé de bien fonctionner, estime cette organisation. Le corps médical, lui, présente aussi des faiblesses, selon toujours le SeFaFi. Au-delà du « corporatisme malsain du corps médical », la « persistance de diverses formes de corruption dans le monde médical et hospitalier », selon cette organisation, contribue à fragiliser le système de santé du pays et risque même d’« handicaper la lutte contre le COVID-19 ». Cette « corruption est une évidence que tente de nier le corps médical » regrette le SeFaFi, et ce « en dépit des nombreux témoignages de victimes ». Toutefois, côté pile, le SeFaFi reconnaît et « rend hommage au dévouement des médecins, infirmiers, sages-femmes et autres soignants intègres qui ne cessent de se préoccuper des plus faibles ».
Les chiffres officiels ne font état, jusqu’à présent, d’aucune victime de cette pandémie sur le sol malgache. Pourtant, selon le SeFaFi, des doutes subsistent sur la réelle capacité du pays à faire face à une explosion du virus. Et pour faire dissiper ces doutes, l’organisation souhaite « la transparence à tous les niveaux, pour la moindre dépense, et que l’origine de l’argent public utilisé pour gérer la crise soit portée à la connaissance de tous ». « La population a le droit de savoir ce qui l’attend, ce qui implique une communication régulière et professionnellement mieux informée » interpelle le communiqué. Sur ce point, le SeFaFi rejoint les déclarations des autres membres de la société civile qui ont réclamé de la transparence sur la gestion publique de la crise sanitaire actuelle.
Rija R.