Des sénateurs ne digèrent pas l’ère Rakotovao au Sénat. Ils veulent la tête de ce dernier et celles de certains membres du bureau permanent. Une opération qui s’annonce, pourtant, difficile.
La conspiration contre le bureau permanent de la Chambre haute revient au grand jour. Certains sénateurs sont en train de mijoter un coup pour se débarrasser des membres du bureau permanent à Anosikely. L’objectif est de parvenir à remanier les membres actuels du bureau permanent, dont le président en exercice, Rivo Rakotovao. L’intervention récente d’un sénateur sur une chaîne privée laisse entendre que le projet de destitution du président du Sénat est d’actualité. Bien que ledit projet ne figure pas dans l’ordre du jour de la Chambre jusqu’au 28 juin prochain, lequel qui vient d’être adopté mercredi dernier, sa publication témoigne, en revanche, d’une vive tension qui persiste dans les antres de cette Chambre parlementaire occupée en majorité par les caciques de l’ancien régime.
Coups fourrés. Les projets de destitution du président du Sénat ne datent pas d’hier. Un scénario qui n’en finit pas. Pendant la session extraordinaire du parlement, en février dernier, les rumeurs ont couru sur ce sujet dans les couloirs du palais d’Anosikely. Rivo Rakotovao a même dévoilé au grand jour, pendant son discours de clôture de cette session, que certains « collègues » ont tenté de corrompre des sénateurs et fomentent un coup. L’ombre de ces coups fourrés n’a plus quitté le patron des sénateurs, qui, lui aussi, est accusé par certains membres de son parti HVM “d’avoir forcé la main” à Honoré Rakotomanana pour le faire quitter les commandes du Sénat à son profit. Et lors de son intervention sur la télévision nationale, vendredi dernier, Rivo Rakotovao, très serein, a lâché qu’il serait prêt à quitter son poste si les dispositions légales sont respectées.
Quorum. L’actuel président s’est engagé dans un long bras de fer avec des sénateurs issus de sa propre formation politique. La veste d’opposant choisie par le coordonnateur du HVM n’est pas du goût de ses collègues au Sénat, qui, eux, ont décidé d’enfiler la casquette de pro-régime. Pourtant, se débarrasser du bureau permanent du Sénat ne s’annonce pas non plus une tâche facile. Il faut un vote d’au moins les deux tiers des membres du Sénat pour destituer les membres du bureau. Soit 42 sénateurs sur les 63 membres de la Chambre haute. Un quorum qu’on n’a jamais atteint, jusqu’à présent. Et si les projets intentés par les « anti-Rakotovao » accouchent toujours d’une souris, c’est que la majorité des sénateurs a choisi, jusqu’à présent, de garder le cap pour ne pas faire plonger l’institution dans une crise. De son côté, à l’issue des sessions qui se sont succédé, Rivo Rakotovao s’en est toujours sorti la tête haute. Dans l’échiquier politique, il gagne une place importante dans l’opposition et « joue bien son rôle de contre-pouvoir », selon certains observateurs. Le président du Sénat œuvre pour « enrichir le débat démocratique » surtout dans le contexte actuel de la crise sanitaire.
Scission. La défaite du HVM lors de la présidentielle l’a fait vaciller, et provoque même une scission de ce parti en deux camps qui s’affrontent au Sénat. Des deux côtés du front, on se tire alors dans les pattes. Récemment, le clan Rakotovao a demandé la démission de deux sénateurs de leur poste de membres du bureau permanent du Sénat, notamment Mananjara Andriambololona et Bienvenu Manjany, respectivement vice-président au titre du HVM pour Antananarivo et Mahajanga. Ces derniers, aux côtés des Elisa Razafitombo, Berthin Andriamihaingo, figurent parmi les sénateurs qui se sont opposés à Rivo Rakotovao. Le nom de Roger Kolo, leader du clan anti-Rakotovao, court dans les couloirs du Sénat comme le candidat au poste de président de cette Chambre.
Rija R.