Qui doivent croire les Malgaches, l’Ambassadeur de France ou le président de la République de Madagascar ? Le premier a affirmé que le limogeage du directeur général du Trésor public est un mauvais signal pour les bailleurs de fonds. Le second estime que ce n’est qu’un avis personnel de l’ambassadeur. Les entretiens qu’il a eus avec les bailleurs de fonds confirment le contraire. Il est vrai que des signaux forts, il y en a eu depuis l’investiture de Hery Rajaonarimampianina, par rapport aux années d’errance sans retour à l’ordre constitutionnel. L’un des plus remarquables est la réintégration de Madagascar dans l’AGOA pour ne citer que le retour de la confiance des Etats-Unis. Ce pays a pratiquement tout suspendu de ses aides pendant la période de transition, à l’exception de l’humanitaire. D’autres pays en ont fait de même.
Signaux forts
Aujourd’hui, c’est un programme avec le FMI qui est en cours de finalisation. La présence du FMI et un accord avec lui sont des signaux forts pour le retour de la confiance des bailleurs de fonds. Certes, les conditions d’obtention d’un financement de cette institution internationale sont toujours contraignantes mais elles prouvent que le gouvernement est disposé à suivre les règles du jeu avec la volonté de remonter la pente économique selon les principes de la bonne gouvernance. Aucun autre diplomate d’un pays n’a fait de déclaration allant dans le sens de celle de l’Ambassadeur de France. Toujours est-il que les tenants du pouvoir n’ont pas intérêt à prendre à la légère les perceptions de ce dernier. La France a toujours été très proche de Madagascar. Du fait des liens historiques, les sociétés françaises restent les plus nombreuses de la communauté étrangère à stimuler l’économie nationale. Leur apport est considérable au niveau des impôts qui alimentent les ressources publiques. L’Ambassadeur de France qui suit de près l’évolution de la situation économique et financière ne pouvait rester insensible devant le limogeage du Directeur Général du Trésor qui a appliqué des principes efficaces de gestion pour que les fonds déposés au Trésor public ne soient pas détournés. L’Ambassadeur de France n’a pas tort de voir cela comme un mauvais signal à l’endroit des bailleurs de fonds. Qu’il n’oublie pas cependant que les hommes passent et les institutions restent. La décision de remplacement prise en conseil des ministres est souveraine. D’un inspecteur du Trésor à un autre, le choix du nouveau DG n’est pas fortuit. Il découle de l’alternance à un poste et cadre avec des objectifs d’amélioration au Trésor public que vise la quatrième république par rapport au passé récent. Un signal fort de changement à l’endroit des bailleurs. Le président de la République a raison d’affirmer que les partenaires techniques et financiers sont de retour. Même si certains d’entre eux avancent avec prudence, la plupart s’engage pour accompagner le développement.
Zo Rakotoseheno