Cher Prof,
Pauvre, disons-le, tu l’as été à ta naissance dans une contrée gorgée d’or qu’est Betsiaka, c’est pour cela sûrement que tu n’as eu de cesse de clamer haut et fort que « ce pays est riche mais sa population pauvre ».
Dans tes études , tu as fait preuve de ténacité et d’ambition comme il n’est pas permis d’en avoir malgré les embûches liées à tes modestes origines et les médisances de tes congénères, mais tu es quand même arrivé au plus haut sommet « hatramin’ny faran’ny ambony indrindra» et en te payant même le luxe d’embrasser d’autres disciplines aussi ardues que la médecine comme les mathématiques et la physique. Savoir que tu as toujours tenu à partager à tes cadets étudiants et à faire bénéficier tes compatriotes-patients.
Père de famille, tu as tenu à imprégner tes enfants des valeurs de l’effort et que les privilèges ne s’héritent pas sans sueur. Et ils n’ont pas eu de parachutes dorés. Mari, tu as su transmettre aux autres que la femme peut-être un vrai partenaire et qu’un couple ne fait qu’un dans la vie, dans les moments de joie comme dans les moments difficiles (2=1). Complémentaire tu as été avec Thérèse et tu l’as assumé. Fervents chrétiens, je vous vois encore arriver discrètement à l’église de la paroisse d’Antanimena tous les dimanches à la messe de 11 heure et partir de la même façon sans tambour ni trompette. Tu as laissé les valeurs de rectitude et d’humilité.
Enfin, en politique, ta ferme conviction de contribuer à un meilleur être de tous les malgaches, a eu raison des crocs en jambes, des ambitions et des entourloupes de tes faux et vrais compagnons de luttes et tu es devenu président avec tes principes et ta foi en ta mission. De la démocratie, tu t’es fait surtout un devoir d’être proche et à l’écoute du petit peuple où qu’il soit et quel qu’il soit. L’on pouvait bien se gausser sur tes « Mada-raids » mais tu n’en avais cure. Les quolibets des bien-pensants en politique n’avaient pas de prise sur toi, car leurs séminaires et ateliers sur le développement dans leurs salons cossus n’avaient d’égal qu’à leurs inutilités selon le président au chapeau de paille dont tu as voulu donner l’image.
Mais, le « Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge !« , n’a pas assez résonné chez toi et cela t’as valu la disgrâce dont tu es sorti pourtant avec dignité et honneur.
Et ces soi-disant amis sont là aujourd’hui, plus éplorés que leurs voisins, venus se lamenter sur ton départ. Mais qu’ils sachent que ta conviction plie mais ne rompt pas encore pour beaucoup !
Adieu Monsieur Le Professeur !
M.Ranarivao


