Les Comores et Madagascar ont un lien historique très fort. Depuis le XVIIe siècle et bien avant cela, ces deux pays ont des relations plus que fraternelles. Depuis toujours, les Comores étaient une passerelle entre Zanzibar et la Grande Ile. Par ailleurs, les habitants des Iles de la lune ont contribué, de près et de loin, à l’implantation de la religion musulmane après les Arabes et les Indiens.
La partie du Nord et du Nord-ouest malgache abrite beaucoup de Comoriens suite aux échanges commerciaux établis depuis de longue date, commerces favorisés par la proximité géographique entre Madagascar et Les Comores.
En 1912, l’archipel des Comores est rattaché juridiquement à la colonie de Madagascar. Cette communauté joue un rôle important dans la marche des affaires politiques et sociales à Madagascar surtout dans la partie Nord-ouest. A l’époque du royaume malgache, les Comoriens occupaient une place prépondérante au sein de la monarchie sakalava grâce à leur connaissance de l’islam. Ainsi, ils baptisaient des mosquées un peu partout dans la région septentrionale de la Grande Ile. Le quartier de Fongony d’Analalava devient leur fief, il abrite des écoles coraniques qui attirent beaucoup d’enfants sakalava. D’après un rapport de commandant du cercle d’Analalava dès 1905 : « L’état d’esprit des indigènes est bon en général seuls doivent être continuellement tenus en main les Sakalava et les Comoriens qui se montrent réfractaires à notre action et le développement de l’islamisme de la population sakalava mené par les Comoriens tend vers le prosélytisme religieux».
De par leur connaissance en science religieuse, les autochtones craignaient les Comoriens, car ils avaient la réputation d’avoir le pouvoir de jeter des mauvais sorts aux coupables de délit, mauvais sorts connus sous le nom d’Albadiry, une situation qui rappelle le maraboutisme africain.
Avant la période de Tsiranana et du Parti Social-démocrate (PSD) créé en 1956, les Comoriens de la région ne participaient pas aux affaires politiques. Ils occupaient plutôt des postes subalternes comme cuisiniers, plantons, chefs de quartier, gardiens de chantier. Certains s’occupaient des abattoirs et des boucheries locales. A Majunga par exemple, les Comoriens étaient très nombreux et se regroupaient dans le quartier de l’Abattoir. Après la deuxième guerre malgache, l’archipel des Comores s’est détaché de l’Administration malgache. La plupart des Comoriens de Madagascar ont décidé de rester dans la Grande-ile. Après deux ans de la création du PSD, des descendants des Comoriens mariés à des femmes malgaches occupaient une place plus ou moins importante dans le parti.
En un mot, la politique coloniale n’a fait qu’accentuer cette différence interethnique, tentant de créer des conflits entre les Malgaches et leur voisins Comoriens.
Iss Heridiny