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samedi, septembre 13, 2025
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Sillon du passé : Du fonctionnaire à l’entrepreneuriat

L’uniforme idéal !

Durant la Première République, les jeunes diplômés rêvaient de servir l’État. Dans les régions, on appelait le métier « fonctionnaire ». Ainsi, les ruraux vendaient tout ce qu’ils avaient – terres, zébus – pour réaliser leur vœu le plus cher : « que mon fils porte l’uniforme d’un bureaucrate ». Cet uniforme n’était autre que le costume-cravate.

Patrimoine colonial. Pour se distinguer, les colonisés, modelés par la culture occidentale, étaient séduits par la prestance des auxiliaires des étrangers. L’allure, la façon de parler, assez autoritaire, piquaient la curiosité. Ce désir générait alors une rivalité sociale. Être « fonctionnaire de l’État », peu importe le métier, était synonyme de réussite et de mobilité ascendante. Par conséquent, les jeunes de la campagne quittaient leur localité en espérant obtenir une position d’exception. L’historien spécialiste de l’histoire de l’éducation dans l’ouest de Madagascar affirme : « Entre 1960 et 1980, plus de 1 000 enfants de paysans de la région Sofia rejoignaient les établissements scolaires. Le plus grand nombre s’orientait vers les métiers techniques et l’enseignement. » En outre, la montée de Philibert Tsiranana au pouvoir induisit une influence particulière, notamment chez les Tsimihety. Le père de l’indépendance symbolisait la qualité et l’excellence.

Escalade. La Deuxième République de Didier Ignace Ratsiraka intensifia l’amour de l’éducation. Sa politique, visant à valoriser l’enseignement en construisant des écoles primaires dans chaque quartier, des collèges dans les communes ainsi qu’une université dans chaque province, garantissait désormais l’accessibilité à l’éducation. Par ailleurs, l’alliance avec les pays d’Europe de l’Est permit aux étudiants d’obtenir des bourses d’études à Moscou, Kiev, Belgrade ou Bucarest. Après avoir achevé leurs études, ces diplômés occupèrent des postes clés entre 1985 et 2000.

Monde de l’entreprise. Au fil du temps, ce point de vue évolua en raison du maigre salaire alloué aux mpiasam-panjakana. De plus, la grille indiciaire demeura inchangée tandis que la pauvreté gagnait du terrain. En parallèle, les Organisations Non Gouvernementales œuvrant dans divers domaines socio-économiques, notamment la santé et l’environnement, s’implantèrent dans les zones rurales, bon nombre proposant un salaire satisfaisant. Dès lors, les jeunes diplômés s’y tournèrent. Désormais, le secteur privé apparaîssait plus attrayant que l’administration publique, souvent jugée peu gratifiante.
« Il n’y a pas de motivation, si ce n’est qu’une petite augmentation de salaire au début de l’année », remarque Fredo Randriamahalina, responsable des Ressources Humaines dans une entreprise privée de la capitale. Les employés de l’État, pourtant au service de leurs concitoyens, voyaient leurs chemises s’user, leurs costards se découdre et leurs mocassins mal ajustés.

L’avènement de la culture entrepreneuriale changea complètement la donne. « Depuis toujours, nous avons été formés pour travailler chez untel. Maintenant, nous sommes entièrement convaincus que créer sa propre entreprise s’avère efficace. Je trouve que c’est une autre façon de contribuer à l’économie de notre pays », soutient la jeune entrepreneure Berthela Fety-Anandra. La crise sanitaire de 2020 servit également de leçon : durant le confinement, le salaire des employés du secteur privé fut sévèrement amputé tandis que les fonctionnaires continuaient à percevoir le leur intégralement.

En définitive, bien que le rêve des anciens se soit effondré avec le temps, l’ambition persiste. Si certains ont tourné la page, d’autres y croient encore. Autrement dit, l’image d’un fils vêtu d’une chemise sans pli, la main ornée d’une montre tenant une mallette, séduit toujours, quelle que soit la profession.

Iss Heridiny

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