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jeudi, mai 15, 2025
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Sillon du passé : La vie estudiantine durant la colonisation

L’Ecole normale fondée en 1897 devient l’Ecole régionale d’Analalava en 1905 sous l’administration du gouverneur général Augagneur. En 1916, à cause de « complot du VVS », l’administration supprime l’Histoire dans les programmes scolaires. En 1927, le gouverneur général Marcel Olivier, réorganise l’enseignement en créant la régionalisation de l’enseignement, renforcée par son successeur Léon Cayla en 1932. Ces réformes adoptent le système de recrutement par voie de concours et par quotas régionaux dont l’objectif principal vise à augmenter le nombre des lettrés et d’intellectuels autochtones. Ensuite, l’enseignement officiel subit de multiples réformes éducatives durant la période de notre recherche, dans la région d’Analalava, entre 1905 à 1930.

A Analalava, l’école primaire réservée aux jeunes filles est créée en 1901 tandis que celle des ménagères est créée en 1910. Cette dernière est rattachée à l’École régionale dans la section professionnelle. En outre, le programme de l’École ménagère est basé sur la pratique et l’artisanat. Elle enseigne la couture (zaitry), la broderie, la dentelle, la chapellerie et la couture en paille (rary). Mais à partir des années 1940, la formation de sage-femmes est en progression dans l’Ecole ménagère où la durée d’étude est fixée à 2 ans. Après l’obtention du CESD, les jeunes filles peuvent poursuivre leurs études à l’Ecole supérieure de Sage-femme d’Avaradrova (Tananarive). Au début, l’Ecole ménagère d’Analalava est fréquentée par les élèves migrants venant d’autres régions de la Grande-ile. Les Sakalava autochtones retiennent leurs filles chez eux. En 1910, les élèves admis sont au nombre de 12, contre 6 en 1916 et réduits à 3, en 1920. En plus, l’émergence d’élites régionales féminines dans le district d’Analalava commence après la Seconde Guerre mondiale, grâce à l’amélioration de l’enseignement financé par l’administration coloniale.

En revanche, le système éducatif colonial est en faveur des garçons, de sorte que les élites régionales élues entre 1945 et 1947 à l’Assemblée Constituante française et au Conseil provincial de Majunga sont tous des hommes. A l’époque, l’égalité de droit entre hommes et femmes n’est pas encore au rendez-vous. L’ancrage traditionnel est l’un des facteurs qui retarde la scolarisation des filles dans la région d’Analalava.

D’après l‘historien Gabin Tsilavinjara, « le régime de l’internat est un système éducatif qui est appliqué aux établissements scolaires secondaires. A Madagascar, toutes les institutions du second et du troisième degré suivent ce régime. Au sein de l’établissement, les élèves sont logés et nourris durant leur séjour ». Tous les dispositifs nécessaires qui leur permettent de poursuivre leurs études y sont disponibles. Les élèves de l’internat, des jeunes de 13 à 16 ans, issus de différentes villes de la circonscription scolaire, sont recrutés par voie de concours. En outre, l’internat est un domaine de vie qui accorde un processus de socialisation chez l’enfant et renforce les liens entre les élèves malgaches. D’un côté, à partir des années 1930, l’administration de son côté applique une politique d’« association scolaire », c’est-à-dire, un système de détection des meilleurs élèves d’origines diverses. D’un autre côté, les élèves quittent leur foyer parental, apprennent à vivre avec un esprit plus libre, mais sous les disciplines scolaires. Ils fondent une nouvelle famille scolaire qui leur permet de créer l’esprit de promotion. Cette promotion joue un rôle crucial dans leur pérégrination scolaire. La vie à l’internat est basée sur le respect de règles morales et de la discipline qui sont les principes fondamentaux de l’éducation coloniale. Cet esprit de loyalisme consiste à donner de la valeur à la culture française et de la grandeur à la France. Par ailleurs, il est interdit de sortir de l’établissement sans autorisation du responsable scolaire, sinon l’élève risque d’être privé totalement ou partiellement de sortie pendant les jours du congé, privé de leur bourse d’études, sanctionné d’un prélèvement d’une partie de sa cantine scolaire et surtout corrigé par le directeur en présence de tous les élèves de la classe. Par contre, ceux qui sont plus intégrés ont l’occasion d’apprendre facilement un nouveau mode de vie, différent de celui de la campagne. « Dans la ville, les élèves les plus curieux, fréquentent l’église chaque dimanche. En outre, le régime de l’internat est basé sur la surveillance et de l’inspection » a fait savoir Arson Soalahy, un historien spécialiste de la région Sofia.

Par ailleurs, l’objectif de l’administration est d’inculquer, aux élèves malgaches, l’esprit de responsabilité envers eux-mêmes et autrui. Cet esprit de « loyalisme » est largement vécu dans la région d’Analalava d’où le dicton local : « Lôso vazaha mandimby vazaha », autrement dit quand un français part, il y a encore un autre qui le remplace.

Pourtant, l’amour des vazaha et de leur langue témoigne de leur attachement à leur culture. En d’autres termes, les vazaha sont considérés comme le nouveau raiamandreny dont on ne peut pas contrarier leur parole, « Volañ’olobe tsy azo valiaña ». C’est dans ce sens que l’idéologie coloniale s’impose dans le système d’enseignement notamment dans les écoles officielles secondaires. Malgré tout, le régime de l’internat est l’une des étapes cruciales à la préparation de la vie d’adulte.

Recueillis par Iss Heridiny

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