
Les constructions des écoles dans les endroits reculés ne datent pas d’aujourd’hui. Depuis la colonisation des infrastructures sont implantées non pas pour subvenir au besoin des citoyens, mais pour former des auxiliaires.
Après la Seconde Guerre mondiale, les conditions de vie des Malgaches deviennent difficiles. La France métropolitaine presse les Territoires d’Outre Mer de produire plus. Par conséquent, la communauté villageoise, victime de l’oppression fiscale et de la pauvreté, a du mal à scolariser ses enfants. En plus, le déséquilibre scolaire entre l’Imerina et les régions côtières touche les cœurs des élites de la région qui ont passé leurs études supérieures à Tananarive, voulant que dans chaque village aussi reculé soit-il, existe au moins une école officielle.
Ainsi, la population contraint les élites et autorités locales à construire une école dans leur village. Jusqu’en 1950, les problèmes de la démocratisation scolaire à Madagascar ne sont pas encore résolus. Par ailleurs, dans les régions du Nord et du Nord-ouest, il faut parcourir une trentaine de kilomètres dans un canton pour trouver une école officielle. Ce cas n’est pas pareil dans les Hautes Terres centrales où l’enseignement est plus avancé.
Pour résoudre ces problèmes, les autochtones s’adressent aux élus locaux voire aux chefs de district, aux chefs du canton, aux chefs de circonscription pour revendiquer. Dans le cas cas où cette demande serait retardée, le “Fokonolona” prenait en charge la construction des écoles et demandait l’agrément du chef de district. De plus, les collectivités appellent au « maître dévoué », un instituteur non qualifié, mais assez courageux pour assurer l’éducation leur localité. Cette soif de scolarisation se traduit par l’ignorance de certaines familles qui se clament victimes d’« escroquerie de la part des agents commerciaux. Les autorités militaires oppriment la population rurale ». En effet, les ruraux qui ne sont pas encore habitués aux chiffres et à la balance, ils sont souvent trompés et subissent des abus. Par conséquent, à partir des années 1950, la région du Nord-ouest connaît une ruée vers l’école. Les parents retiennent leurs fils aînés, supposés remplaçants de leurs pères au village et laissent les cadets fréquenter l’école. Certains élèves doués arrivent à continuer leurs parcours jusqu’à l’École régionale d’Analalava, grâce au soutien familial.
Les notables contribuent. Par ailleurs, les élites veulent construire une école similaire à cette école régionale dans leur district. Exemple palpable, dans le district de Mandritsara, la région Tsimihety, leur zone de départ vers le littoral. A cause de l’éloignement géographique, ils pressent l’administration de construire l’Ecole supérieure au même niveau que celle régionale. En voyant les fonctionnaires diplômés en visite dans leurs villages, les parents donnent des conseils à leurs enfants : « mianara mba ho lasa mpiasam-panjakana ambony, ho rehareham-pianakaviaña ». Ce goût du progrès se traduit par la réussite d’une « culture scolaire » chez les Tsimihety.
L’inégale répartition des écoles officielles pose beaucoup de problèmes sur le développement de l’enseignement à Madagascar en général, et dans les zones côtières en particulier. L’éloignement du chef-lieu de district et le centre de la circonscription régionale pèse sur les parents d’élèves. En plus, dans les districts, les zones d’exploitation agricole existent dans les milieux ruraux où se trouvent des grands fleuves et des baiboho, fertiles à l’agriculture.
Au cours des années 1950, le flux scolaire est gonflé par la construction des établissements financés par le FIDES. La construction de nouvelles infrastructures a pour objectif de réduire les retards des régions de la côte. L’administration coloniale sous l’égide du Haut commissaire André Soucadaux déclare dans son discours que «… chaque ville importante devrait pouvoir faire bénéficier à ses enfants de l’enseignement secondaire pour augmenter le nombre des élèves titulaires de CESD dans les régions côtières». Ensuite, le FIDES constitue largement aux dépenses pour la construction des locaux et des salles de classe pour accueillir des élèves de l’internat en 1955, pour le cas d’Analalava.
Par ailleurs, l’Ecole régionale ou Cours complémentaire d’Administration change de statut pour devenir Cours complémentaire à type local en 1952. Cette décision est dans le dessein de mettre l’enseignement secondaire au service de la population. Dans l’optique de décentralisation, il est évident de « montrer que le milieu est en réalité l’éducateur le plus enrichissant ».
Cette situation mène toutes les écoles supérieures régionales de la Grande île à « perdre leur grandeur ». En 1956, la ville d’Analalava devenant une sous-préfecture, est intégrée dans la province de Majunga avec les autres villes de la région. Donc, certains appareils administratifs sont transférés dans le chef-lieu de province, comme le centre de Poste- Télégraphe-Télécommunication des Travaux publics en faveur d’Antsohihy, ville de Tsiranana, futur président de la Première République. L’administration provinciale prend en charge et contrôle les affaires scolaires dans les années 1950. Par exemple, en 1952, un important budget provincial de 12 millions de Francs est consacré à la construction des écoles officielles dans la province de Majunga. De plus, le Collège d’administration est ouvert cette même année à Majunga et son administration a pour projet de construire des cours complémentaire de type métropolitain dans les cinq chefs lieu de province, ce qui fait partie du plan quinquennal de FIDES pour rendre toutes les villes de la région d’Analalava bénéficiaires de l’école de second degré. Depuis 1950, on remarque une multiplication des collèges secondaires à Madagascar et des écoles confessionnelles. Par conséquent, toutes les écoles supérieures doivent suivre ce changement, ce qui entraîne la fin du régime scolaire colonial accélérée par la mise en œuvre de la Loi cadre du 23 juin 1956.
Iss Heridiny