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mercredi, juillet 2, 2025
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Sillon du passé : Les ancêtres malgaches à travers l’archéologie

Les Tsingy Rouges marquent aussi le paysage d’Irodo.

L’histoire du peuplement malgache a fait couler beaucoup d’encre. Ce peuple multiracial est également un sujet de recherche. Historiens, sociologues, archéologues, linguistes avancent le résultat de leurs recherches pour que les érudits puissent suivre les découpages chronologiques. En 2010, Harilanto Razafindrazaka a publié le fruit de ses recherches concernant les vagues de migration dans la Grande île et les apports historiques et archéologiques des hommes occupant les régions de Madagascar.

Selon le chercheur, du IXe siècle à la moitié du XIVe siècle, cinq grands ensembles culturels céramiques avec des affinités géographiques sont retrouvés dans l’île – au Nord-ouest, Mahilaka. C’est un comptoir dont la fondation remonterait au VIIIe siècle mais elle reste discutée. Il s’agit de la plus ancienne ville partiellement islamisée et le plus ancien centre et port connu. Les vestiges d’une fondation de mosquée ont été mis au jour, ses décorations sont semblables à celles retrouvées sur les côtes orientales africaines ainsi qu’aux Comores vers le XIVe siècle. Quelques autres fondations en dur y ont été trouvées ainsi que des vestiges de résidence non permanents. Les archéologues avancent une population de 3 500 à 17 500 habitants, une faible densité de population selon les chercheurs. Elle témoigne d’importants réseaux commerciaux par les nombreuses céramiques, outils métalliques et verreries importées. Ses extensions regroupent des réseaux de hameaux satellites (agriculteurs et pêcheurs). Elle est supposée représenter la zone de départ pour l’exportation du fer ainsi que du chloritoschiste qui est retrouvé aux Comores et sur les côtes Est-africaines aux mêmes époques. Vers la fin du XIVe siècle, Mahilaka ainsi que les villages aux alentours semblent avoir été désertés. Ce site semble porter toutes les caractéristiques d’un comptoir qui connaît son temps de gloire commercial mais qui semble avoir été abandonné quelques siècles plus tard, probablement à cause d’une ville plus concurrente. De nombreux sites ont été fouillés dans la baie d’Antsiranana avec une concentration d’une quarantaine d’entre eux datés du IXe au XIIIe siècle essentiellement dans des grottes et des abris rocheux. Toutefois à Irodo, une datation du IXe siècle a été obtenue. Ce site ne possède que de rares céramiques importées dont un fragment de céramique de type sassano-islamique de la culture Dembeni développée aux Comores entre le IXee siècle et le XIe siècle. De nombreux fragments de chloritoschiste ayant servi de poids pour les filets, des structures de fonderies de fer ainsi que des scories y ont été également mis au jour. Ensuite, deux sites à Lakaton’i Anja ont révélé des restes humains associés à des céramiques sgraffito technique du Moyen-orient du IXe siècle. Ils semblent avoir été occupés entre fin Xe et début XIe siècle. Ces différents sites du Nord, y compris Mahilaka et Irodo, possèdent quelques similarités dans la céramique locale à partir du XIIe et XIIIe siècle, ils partagent les mêmes ensembles d’importation. Les sites semblent avoir été occupés durant de longues périodes et de façons plus importantes durant le XIIe au XIVe siècle au Sud-Est, Maliovola. Il s’agit du site le plus ancien de la côte Est daté du IXe au XIIIe siècle. On relève deux communautés voisines : les gens de Mokala vivaient essentiellement grâce à la pêche et à la capture de tenrecs ; les Maliovola cultivaient les rizières sur le bord de la rivière Efaho. Les deux sites contenaient des scories de fer. Les uns et les autres avaient les mêmes ensembles céramiques mais ne semblaient pas avoir d’échanges ni de contacts avec aucune autre région de l’île. A Maliovola, la terrasse semble avoir été utilisée pour une culture de marais bien qu’il n’y ait pas de traces cultigènes trouvées. La taille des occupations laisse penser à des sociétés peu complexes non-hiérarchiques. On constate une coexistence de groupes de chasseurs-cueilleurs et d’agriculteurs pour les mêmes époques.

Recueillis par Iss Heridiny

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