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lundi, juin 30, 2025
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Sillon du passé : L’imerina et son arbre généalogique

L’ancienne succession dynastique malgache est l’héritage d’une tradition indonésienne puisque les règles de succession, la filiation utérine, ultimogéniture, la rotation du pouvoir, sur lesquelles ces successions sont fondées sont largement attestées en Indonésie, tout particulièrement dans la péninsule malaise à Sumatra. Il s’agit d’un système purement matrilinéaire traditionnellement appliqué au sein de la dynastie Merina, du moins à ses débuts. 

Le demeure. Selon l’anthropologue Paul Ottino, dans de nombreux domaines, filiation, résidence, successions, le passage de ce système matrilinéaire à un système patrilinéaire, ou plus exactement, la substitution des traits patrilinéaires aux traits matrilinéaires s’est faite sous l’influence de l’islam Est-africain. Ainsi, ce système de succession manipulé ici par un système politique univoque contribue également à développer les règles d’endogamie stricte chez ce groupe. Autre élément de culture austronésienne, les monuments funéraires “Trano manara”, petite maisonnette qui surmonte les tombeaux. La tradition retient surtout que l’invention du “Trano manara”, dont l’autre nom est “Trano masina” littéralement maison sacrée, est due au Roi Andriantompokoindrindra : « Afin que ma tombe ne soit souillée ou foulée par les chiens », disait le roi. Et l’édification d’un “Trano manara” est depuis réservée aux descendants d’Andriantompokoindrindra ainsi que de son frère Andrianjaka. Il faut cependant souligner que d’autres traditions retiennent que c’est parce que le roi est l’aîné qu’il a eu le droit de l’ériger, et que cette pratique n’est pas l’invention de ce Roi. Cet argument pourrait être soutenu, au moins théoriquement dès qu’on porte le regard sur la culture malgache. Cette pratique pourrait trouver sa source dans la culture austronésienne car le privilège d’une maison funéraire accordé aux puissants est très fréquent en Asie du Sud-Est, et selon l’historien-archéologue Jean Pierre Domenichini « Le modèle d’une maison surmontant le tombeau n’est pas le propre de la seule tradition d’Andriantompokoindrindra ». Le privilège d’une maison funéraire accordé aux puissants est très fréquent en Asie du Sud-Est et appartient à la culture austronésienne. Dans beaucoup d’endroits à Madagascar, on démontait la maison du défunt pour la reconstruire sur son tombeau ou on simulait une maison sur le tombeau. Chez les tribus Mahafaly, au début du XXème siècle encore, avant que le pouvoir colonial n’abolisse les privilèges des Maroseraña et que l’usage des “aloalo” ne se démocratise, les poteaux funéraires érigés sur une tombe délimitent un espace appelé “zomba” – mot qui, dans l’ouest de la Grande Ile, est l’équivalent de lapa “palais” sur les Hautes-Terres. Les “aloalo” étaient, par les conceptions qui les supportent et par l’usage social qui en était fait, le correspondant exact de la “Trano manara” d’Imerina. L’équivalent du terme lui-même de “Trano manara”.

La  lignée.  D’après les écrits, les origines des monarchies Merina dans la littérature semblent issues des migrations austronésiennes. Les traditions pointent souvent le Nord-Est, non loin de Maroantsetra, la région par laquelle les ancêtres venus des mers, des Merina, seraient arrivés à Madagascar. Ceux-ci se seraient déplacés suivant une lente migration vers les Hautes-Terres centrales. Ces mêmes traditions commémorent, lors des cérémonies, certains fameux rois sur des sites fortifiés dans cette partie de l’est de l’île. Certains sites sont en effet indiqués comme ayant été des sites « de transit » sur lesquels s’étaient installés les ancêtres des Andriana Merina au cours de leur chemin vers les Hautes-Terres. Encore une fois ici, il est difficile de décider le degré de significativité attaché à ces traditions car d’autres sources traditionnelles semblent plutôt indiquer le Sud-Est comme étant la source des Andriana après l’arrivée des Arabisés vers le XIIIe siècle. La première dynastie malgache serait la dynastie des Raminia du Sud-Est de l’île. Le mystère demeure quant à leur arrivée sur les Hautes-Terres. On retrouve d’abord la dénomination Hova, et c’est d’ailleurs le père Luis Mariano (1613-1614) qui en fait la mention : « le nom de ce peuple est Hova, tout à fait au centre de l’île ». On aperçoit également dans la littérature que leur arrivée semble plus récente que celle des populations déjà installées dont on ne sait pas grand-chose mais qui seraient probablement ce que les traditions dénomment les “Vazimba”. Les premières mentions tirées des traditions orales les situent dans la région forestière située aux sources de l’Ikopa et de la Sisaony, région Ouest de l’Imerina. En ce qui concerne leurs origines, il existe des généalogies qui comptent entre sept et onze souverains. Suivant les listes, elles se terminent à Rafohy (1500 – 1520), placé généralement vers le milieu du XVIème siècle leurs débuts remonteraient donc un à trois siècles auparavant. Or, l’une des trois généalogies Andriana que les écrits ont marqué commence avec Andriandravindravina (vers 1350) selon Gilberte Ralaimihoatra, dont il est précisé que cet Andriana était en même temps un “Vazimba” ce qui pour les historiens et anthropologues serait le signe que « les familles des chefs, Andriana se mariaient avec les “Vazimba” pour pouvoir s’établir en paix » à une date qui pourrait donc être envisagée de façon hypothétique entre le XIIIème et le XVème siècle.

 Recueillis par Iss Heridiny

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