La saison des pluies est particulièrement éprouvante cette année. Les intempéries sont dévastatrices, rendant des centaines de foyers inhabitables. Les victimes se comptent par milliers et sont obligées de trouver refuge dans des gymnases, des salles omnisports, des tentes ou d’autres abris de fortune.
Pourtant, la vie continue. De véritables vies en communautés se construisent où tout le monde a son rôle à jouer. Les conditions d’hygiène ne sont pas toujours optimales, ce qui favorise la transmission de maladies. C’est pourquoi, le ministère de la Santé, en collaboration de Médecins du Monde (MDM), organise des consultations tous les matins. Une machine parfaitement rodée. Le ministère de la Santé vieille à ce que des médecins se rendent sur les lieux dits. Alors que MDM apporte à la fois un appui matériel et un suivi épidémiologique « On fournit tout le matériel nécessaire pour une consultation. Tout est prévu que ce soit les ustensiles de médecine ou les médicaments, tout y est. On apporte même des chaises et des tables. », explique Vincent, infirmier depuis six mois chez MDM.
3 à 4 camps par jour. A bord d’un pick-up noir, Vincent se rend sur différents lieux abritant des sinistrés. En fonction du trafic et des embouteillages qui vont de pair avec la capitale, l’aide-soignant visite trois à quatre camps par matinée. Son rituel est bien établi et précis. Commençant par le gymnase de Besarety, l’aide-soignant fait un premier arrêt. Une fois sur place, Vince discute avec le médecin et fournit les médicaments nécessaires pour la journée.« Chaque jour, un nombre précis de médicament est distribué afin d’éviter la revente. De plus, cela nous permet de bien gérer nos stocks. », rapporte l’infirmier.
Ensuite, Vincent débarque à Ans Ampefiloha. Ici, c’est l’exemple même de la vie en communauté. Les hommes partent travailler à l’aube et en profitent pour vider les ordures. Alors que les femmes veillent à la lessive et au rangement. Les enfants, eux, font ce qu’ils font de mieux : ils jouent avec tout ce qu’ils leur tombent sous la main. Malgré les couvertures et les marmites qui jonchent le sol, un mini-marché à toit ouvert se lève chaque matin en même temps que les sinistrés. On y trouve des citrons, des nouilles, du riz, de la soupe. Là encore, Vincent suit le même rituel. Tous les médicaments sont dans une grande malle verte, appelée « kit 1000 personnes 3 mois ». Antibiotiques, paracétamol, anti-diarrhées, compléments alimentaires, déparasitages, pansements, la malle verte recèle bien de trésors indispensables aux médecins, comme l’explique Vincent : « Avec tout ce matériel, on peut réaliser 17 à 30 consultations par matinée. On essaye toujours d’installer l’endroit de consultation dans un lieu à part et plus propre.»
Suivi épidémiologique. A Ankorondrano, c’est la doctoresse Laurence qui est en charge. Le médecin n’hésite pas à glisser une petite note d’humour par-ci par-là, afin de détendre l’atmosphère. Dynamique et souriante, la jeune femme distribue des médicaments et remplit consciencieusement les fiches de consultation. Ceux-ci sont précieux pour Vincent. Dès lors, l’infirmier peut prévenir toute épidémie précoce: «En fonction, des maux des patients, je peux établir des statistiques et vérifier si rien d’anormal ne se trame. », confie-t-il. Pour le moment, rien de préoccupant n’est à déclarer, mais malheureusement la saison des pluies n’est pas encore terminée. Et il est primordial que cette machine bien huilée redémarre chaque matin.
Stéphane Pierrard (Stagiaire)