Les maîtres FRAM ne sont pas au bout de leur peine. Leur grève est fondée mais l’Etat manque de moyens. Le budget du ministère de l’éducation nationale ne prévoit pas cette année de recruter comme fonctionnaires plus de 70 000 maîtres FRAM même s’ils assurent la plus grande partie de la scolarisation des élèves. Il n’y a pas de doute lorsque l’Etat prône la gratuité de l’enseignement, cela ne devrait pas se traduire dans la réalité par le paiement des salaires des enseignants non fonctionnaires par les parents d’élèves. Aujourd’hui si les parents d’élèves arrêtent le financement des maîtres FRAM, c’est tout l’enseignement public dans sa dignité qui s’effondre. L’Etat devra réviser à la baisse ses ambitions démesurées en faveur d’une éducation de qualité.
Situation complexe
En effet, le programme envisagé par le ministère est chargé mais ses effets bénéfiques ne touchent qu’un effectif limité par rapport à la normalisation qu’il est nécessaire d’atteindre pour calmer la situation. Le risque est de voir le Ministère compromettre ses objectifs en si bon chemin de reprendre le paiement des caisses écoles, d’augmenter les effectifs d’enseignants FRAM subventionnés, de les former, de doter de kits scolaires les élèves des Ecoles primaires publiques et de continuer les cantines scolaires au niveau des régions les plus vulnérables, si l’on n’ajuste pas le discours à la réalité. La situation est complexe car l’usage des maîtres FRAM dont le nombre n’a cessé d’augmenter d’année en année depuis une trentaine d’année et surtout ces derniers dix ans ne reflète que de la faillite de la politique de l’éducation nationale. Tous les enfants doivent être scolarisés, l’ambition est légitime pour une nation en retard de développement. Tous les dirigeants qui se sont succédé au pouvoir ont eu ce noble objectif. Mais on ne peut pas affirmer aujourd’hui qu’ils ont réussi dans ce domaine. Sans la volonté des parents d’élèves, le gâchis aurait été flagrant et énorme dans le domaine de l’éducation. L’utilisation des maîtres FRAM n’auraient du être qu’un palliatif de crise mais non solution durable. Ce qui semble être la tendance alors que leur formation en terme pédagogique laisse à désirer. La Banque Mondiale est arrivée au constat que la mauvaise qualité de l’enseignement est une des raisons qui favorise la déscolarisation des enfants à Madagascar. Le moment ne serait-il pas propice à une réflexion de fond sur l’enseignement public à Madagascar ? Certes, il est tenu en otage aujourd’hui à cause du laxisme et de la gabegie du passé. L’essentiel semble avoir été le clientélisme politique et électoral auprès des parents avec la distribution de kits sans se soucier de l’avenir des enfants et des jeunes. L’éducation a besoin de faire peau neuve pour s’améliorer. Le programme du gouvernement actuel s’y attèle mais il doit d’abord trouver les moyens de ne pas attiser les conflits en voulant sortir de l’impasse. Les parents d’élèves ont assuré, les maîtres FRAM aussi. L’Etat doit rechercher le compromis sans compromettre sa politique.
Zo Rakotoseheno