
Un diagnostic sur la situation acridienne dans l’aire grégarigène annonce un pronostic alarmant pour le pays.
Très préoccupante, non maîtrisée, voire catastrophique. Ce sont les termes employés dans le bulletin relatif à la situation acridienne de la première décade de mars 2025. Madagascar est une nouvelle fois en proie à une crise acridienne de grande ampleur. Le passage du cyclone Jude aurait eu un impact conséquent sur la redistribution des populations de criquets. En effet, les pluies abondantes qui ont accompagné ce phénomène climatique ont favorisé la prolifération des larves et des bandes larvaires sur de vastes étendues, notamment dans l’Arc Mahafaly, la plaine de Ranotsara, le plateau de Belomotra et la région de Manakaralahy. Avec des densités atteignant jusqu’à 100 larves/m², les surfaces agricoles, déjà fragilisées par les aléas climatiques, risquent d’être ravagées, aggravant une insécurité alimentaire déjà alarmante. « Les foyers de grégarisation se sont multipliés », alerte le document.
Lutte. Les experts tirent la sonnette d’alarme : la situation est hors de contrôle et menace de devenir catastrophique si des mesures radicales ne sont pas mises en place rapidement. Face à l’ampleur du phénomène, les dispositifs de lutte sont mobilisés. Les moyens déployés sont visiblement conséquents. Sur le plan opérationnel, les interventions aériennes se concentrent sur la plaine de Ranotsara, tandis que les équipes mobiles œuvrent dans l’Arc Mahafaly et sur le plateau de Belomotra. Cependant, l’accès difficile à certaines zones rend le traitement inégal et laisse des foyers actifs, favorisant ainsi la réinfestation.
La lutte repose principalement sur l’utilisation de pesticides comme le Chlorpyrifos 240 ULV et le Téflubenzuron 50 ULV, considérés par les experts comme des armes essentielles dans ce type d’intervention. Par ailleurs, la situation actuelle requiert une surveillance accrue et une meilleure coordination entre les acteurs de la lutte antiacridienne. Dans un contexte où Madagascar fait déjà face à des défis climatiques et économiques majeurs, une invasion acridienne incontrôlée pourrait être un coup fatal pour les communautés rurales.
José Belalahy