Le village de Soamahamanina est maintenant devenu le symbole de cette contestation qu’une partie de la population voudrait porter contre le régime. Des citoyens malgaches refusent de rentrer dans le rang malgré l’annonce, en conseil de gouvernement, de la suspension du permis d’exploitation minière accordé à une société chinoise.
Soamahamanina devenu le symbole de la contestation
Les habitants de ce bourg sont divisés. D’un côté, il y a ceux qui ont reçu des compensations en échange de la cession de leurs terres aux Chinois, de l’autre, les contestataires qui n’ont pas bénéficié de cet argent et qui s’opposent violemment à cette présence chinoise chez eux. Le pouvoir a jugé ces manifestations comme un cas flagrant de trouble à l’ordre public et il a tout fait pour mettre au pas ceux qui continuent à manifester. Les récalcitrants considèrent leur mouvement comme tout à fait légitime et fort du soutien de l’opposition et de celui plus discret d’une partie de l’opinion, sont décidés à continuer leur lutte. La manifestation qui a eu lieu, il y a quelque temps, a rassemblé beaucoup de monde. Hier, une nouvelle marche a été organisée, mais les autorités ont voulu y mettre un terme par la force. Ce qui était prévisible est arrivé. Les forces de l’ordre venues elles aussi en nombre n’ont pas voulu s’en laisser compter et le face-à-face a tourné à l’affrontement. Elles ont dispersé la foule à coups de grenades lacrymogènes. Il y eut un blessé et des arrestations. La tension est retombée en début d’après-midi, mais des éléments de l’EMMOREG sont restés pour sécuriser les lieux. Le nom de Soamahamanina est maintenant devenu emblématique, car il incarne l’image de la contestation face au pouvoir. L’opposition qui s’est constituée en front uni ne va certainement pas manquer d’en tirer parti.
Patrice RABE