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vendredi, juillet 4, 2025
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Socioculturel : Des… bas… stériles

Ablativo tout en un tas, l’identité malgache se reflète à travers cette cuisine (photo : Iss Heridiny)

La culture est le socle du développement. Mais à Madagascar, le développement n’est toujours pas au rendez-vous, malgré que l’équipe du « jeune raiamandreny » veuille rattraper les 60 ans de retard tout en sachant que le temps perdu ne se rattrape jamais.  La Grande-île souffre véritablement d’une profonde crise identitaire. Une maladie grave dont les citoyens ne se rendent pas compte. Durant toutes ces années, entre la modernité et la tradition, les Malgaches n’ont pas trouvé le point de jonction. Certes, des artistes adoptent des styles reliant les deux, mais rares sont les convaincus qui comprennent l’objectif de leurs idoles.

« L’amère patrie », tout est de sa faute. Les fanatiques remplissent les rues. Le nationalisme primaire inonde les ondes des radios et est diffusé à la télévision. «  On n’aime pas l’équipe de France de Football parce que l’hexagone a colonisé nos ancêtres » tel est le raisonnement de certains. Souvent, ces derniers rejettent la faute sur l’ex-colonisateur. D’une part, la colonisation a laissé des séquelles. C’était un tournant de l’histoire, où les « grands rois » et les « roitelets » n’étaient plus maîtres de leur propre terre. Une époque où le clivage ethnique a été accentué par les propagandes des « loyalistes ». C’était aussi  une période où Jean Ralaimongo était conscient que l’île était une nation, malgré les différentes cultures. Et, c’était également une occasion pour le colonisateur d’assimiler ses indigènes. Les aïeux étaient alors entre deux cultures. Entre costard et kitamby, entre jupe et Lamba landy, ils étaient citoyens français de seconde zone, les assimilés. Bien entendu, la période coloniale est indélébile dans la frise chronologique, elle a duré six décennies. Une période douloureuse qui a quand même formé trois générations.

Entre la légende et l’histoire orale. En réalité, l’histoire est mal racontée puisque ce ne sont pas les spécialistes qui l’écrivent. En effet, les lecteurs confondent les conteurs et les historiens, les fables et les récits historiques. De la légende de Rapeto jusqu’à la mythification des vazimba, les enfants se perdent dans le temps et dans l’espace. De même pour les habitants des régions, rares sont ceux qui connaissent leurs rois, à part les fidèles à la religion traditionnelle, ceux qui assistent aux rituels et aux cérémonies culturels comme Tsangatsaina ou encore le fitampoha. Mais, là encore, l’amalgame s’installe. D’autant plus que les récits historiques des groupes ethniques, excepté le sorabe de la région du Sud-Est, ne sont pas écrits mais se transmettent de bouche à oreille. Ce n’est pas étonnant que les Antakarana se posent la question : Tognibe et Kozobe sont-ils les mêmes personnes ? Dès lors, les adultes ne trouvent plus le chemin car ils mélangent dans leur esprit le conte sur le Rabolila et l’allégorie de Tsimatahodrafy.

Le verbe être n’est plus conjugué au temps présent mais à l’infini. Par ailleurs, cette incertitude engendre une éternelle reconstruction identitaire. L’histoire est la base, la racine d’un peuple et la culture est la branche. À Madagascar, les récits passés sont enfermés dans un vieux tiroir poussiéreux. Pourtant, ils servent de miroir.

Qui veut voyager loin, ménage sa monture disait un dicton. Madagascar a effectivement fait un long voyage, mais jusqu’ici la Grande île connaît un parcours périlleux. Un chemin parsemé d’épines qui empêche ses habitants couards d’avancer vers le développement.

Madagascar conjugue à l’infini le verbe être, parce qu’elle a le mal-être. Ses habitants se posent des questions : où sommes-nous, et où allons-nous ? Alors qu’ils se trimballent dans un labyrinthe… sans issue!

Iss Heridiny 

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