Souvent, les pays asiatiques servent d’exemples, surtout aux politiciens. Pourtant, le parcours millénaire des différents Etats n’est jamais mentionné. Ils ont bâti un grand mur servant de bouclier contre l’invasion étrangère, avec mûre réflexion. Certes, certains n’ont pas pu empêcher le souffle du vent occidental qui a secoué la structure socioculturelle établie depuis des siècles. Bien implantée, la fondation culturelle demeure quasi-intacte malgré les séismes historiques.
Madagascar se réfère aux civilisations orientales bien ancrées vu qu’elle en est un point de rencontre. Mais, comme disait un enseignant-chercheur de l’Université d’Antananarivo, « la Grande-Île a un problème avec le développement ». La diversité qui devrait être un atout, une richesse permettant à sa population d’avancer, semble être une entrave. A force de trop réfléchir, elle oublie ce qu’elle a entre les mains. « Je trouve que nous dépensons de l’énergie, à tort, à construire la nation. Nous ne devrions pas nous focaliser autant sur l’ensemble. Ce que nous devrions faire, c’est d’étudier minutieusement les groupes humains de ce pays », a expliqué l’historien Dr Denis Alexandre Lahiniriko. Cette analyse s’avère tonifiante. Une étude pluridisciplinaire incluant l’histoire, l’anthropologie, la sociologie permettrait à la société malgache de se reconnaître. Pour leur part, des érudits demandent l’implication des ex-pays colonisateurs dans la paupérisation de Madagascar. « Il faut cesser de dire que la France est la principale cause de notre échec ! Nous sommes entièrement responsables de notre misère. Nous avons tout : la mer, le sous-sol, la biodiversité, les faunes », a attesté Fananiaina Ratsiorinantenaina, un étudiant en géographie. En effet, rejeter la faute sur les autres est une des caractéristiques de la majorité des Malgaches. Toutes les formes de colonisation ne sont pas bonnes. Dire que les colonies anglaises sont plus avancées que celles de la France est une aberration de haut niveau… À 63 ans d’indépendance, le pays est paralysé à cause de faux problèmes, notamment l’ethnicité, les guéguerres politiques, les buzz et suicides commerciaux sur les médias sociaux. Les débats stériles résonnent dans les quartiers périphériques, les pseudo-diplômés tourmentent le bas peuple avec leurs discours rétrogrades. Les grandes villes sont alimentées par des courants de pensée désolants. Les pasteurs aux maigres bétails se font voler par les pâtres affamés pendant les périodes de vache maigre. En somme, où en sommes-nous, telle est la question qui sort des bouches vides des démunis. Bien entendu, à Madagascar ! Toujours faut-il répéter que le chemin est encore long pour construire une nation où les Malgaches vivent en harmonie, comme le refrain de l’hymne du pays. La nation est sacrée !
Iss Heridiny
