L’union de deux personnes, reconnue officiellement par la loi ou les règles locales, dans le but de former un couple pour la vie, se pratique désormais à la malgache.
Le mariage traditionnel, les jeunes s’y mettent. Ils appellent ça « mariazy gasy-gasy » ! Au petit matin, la cérémonie commence par un rituel. La famille de la jeune femme attend l’arrivée de celle du jeune homme. Une fois installée, place au dialogue. Ceci peut durer à peu près deux heures. Ensuite, la jeune femme suit son mari. Le lendemain, les jeunes mariés se rendent à la mairie en tenue traditionnelle. L’après-midi, tous à la salle des fêtes pour savourer l’art culinaire malgache. En gros, l’organisation se déroule ainsi. Ce fait interpelle bon nombre de personnes, y compris les créateurs de mode, les érudits ainsi que les simples observateurs. Cependant, les opinions divergent. Viviane Randrianarisoa, une créatrice de mode en herbe avance son point de vue. « J’ai cousu une centaine de vêtements l’année dernière. Plus de 40% des mariés veulent des cérémonies nuptiales à la malgache. Ils n’achètent plus de robes de mariée classiques, mais préfèrent les lamba. Il en est de même pour les hommes. Le costume n’est plus attrayant à leurs yeux. Ils optent pour le tissu made in Madagascar. Je crois que les époux trouvent cela stylé, hors du commun », a-t-elle remarqué. L’organisateur évènementiel Tiana Arofaneva affirme à son tour que « le mariage traditionnel a inspiré la nouvelle génération. C’est pour éviter la monotonie église-mairie, casser le schéma imposé par la société il y a trente ans ». En effet, cette pratique commence à excéder la jeunesse. Par conséquent, elle cherche à rendre l’éclat perdu. Cependant, l’anthropologue Gérard Hasinjara voit les choses autrement. Pour lui, « quelque part, il y a une revendication identitaire, voire une émancipation. “Izaho dia Malagasy”, ou je suis Malgache, voilà le message. Cela met en valeur non seulement la culture mais aussi la personnalité des mariés. Sous un autre angle, ceux-ci croient avoir fortifié le lien, étant donné que le divorce est devenu le sport national. C’est aussi une question de croyance. Les Malgaches, bien qu’ils nagent dans la modernité, pensent que la bénédiction des raiamandreny a plus de valeur que les saluts et les souhaits de monsieur le maire. D’ailleurs, signer les papiers de la mairie n’est juste qu’une formalité. Les rituels sont importants ! ». Daniel Zaravelo, un simple observateur, quant à lui, conclut: « Le mariage est un moyen d’exhiber la puissance financière. Le coût de l’organisation du mariage “gasy-gasy” est assez cher. Si nous voulons vraiment voir une vraie union traditionnelle, il faut aller à la campagne. Là-bas, il y a encore de l’authenticité ». Stylée, revendication identitaire, concurrence sociale, quoique l’on dise, les faits sont sacrés, les commentaires sont libres !
Iss Heridiny