
Le « hira tranainy », hier comme aujourd’hui, émerveille un public qui y redécouvre la culture musicale malgache des années cinquante. Une fois de plus, ce dernier a été transporté par le talent des membres de cet ensemble qui restitue avec fidélité la beauté des chefs-d’œuvre des grands compositeurs de cet âge d’or de l’opérette malgache. Le hall de l’AFT a contenu avec peine les nombreux spectateurs venus vendredi dernier.
L’ATAUM au début des années 70, puis Solika au milieu des années 80 se sont donnés comme objectif de ressusciter ces « hira tranainy » qui constituent un véritable trésor du patrimoine musical laissé à l’abandon, voire censuré pendant la période coloniale. Ces chefs-d’œuvre n’étaient connus que de quelques initiés. Après l’Indépendance, ils ont été occultés par la vague déferlante des variétés étrangères. Les personnes âgées ont été les premières à se réjouir de ce retour aux sources. Leurs enfants et leurs petits-enfants ont ensuite découvert et apprécié les œuvres de Naka Rabemanantsoa, Justin Rajoro, Andrianary Ratianarivo, les pionniers et de Therack, Rasamy Gasy, Rasamy Gitara, J.J.Seheno ou Ranaivo Ranarivelo, qui leur ont emboîté le pas. Solika est aujourd’hui l’un des dépositaires de ces chansons qui remuent profondément notre âme malgache. Ses représentations sont pour le nombreux public qui ne se lasse pas de l’écouter un véritable bain de jouvence. Vendredi dernier, ce dernier était fidèle au rendez-vous qu’il lui avait fixé. Ce fut un spectacle de gala.
32 chansons au programme. Le spectacle s’est déroulé à guichets fermés. Les privilégiés qui ont pu entrer n’ont pas boudé leur plaisir. Les membres de Solika, comme d’habitude, les ont littéralement transportés en interprétant les grands classiques du répertoire des années cinquante. L’harmonie vocale des 14 chanteurs et chanteuses du groupe a fait merveille tout au long des deux heures trente de cette représentation exceptionnelle. De « Haody ry Analamangako », « Havako anie izany », « ‘Lay takariva kely » à « Tsy misy tsy ho diso », « Lehilahy mody » en passant par « Aoka re ramatoa » ou « Very vakana », c’est un passage en revue plein d’émotion qui a été opéré. A la demande générale, un autre concert aura lieu le 19 février, toujours à l’AFT.
Patrice RABE