Aux yeux des observateurs, ce processus de réconciliation nationale est voué à l’échec vu les positions inconciliables des participants.
Aucune décision « concrète » concernant la réconciliation nationale n’a été prise à l’issue du Sommet des cinq qui s’est déroulé hier à l’Hôtel 5 étoiles d’Ivato. Apparemment, les 9 heures de conclave n’étaient pas suffisantes pour rapprocher les positions « inconciliables » des quatre anciens présidents, à savoir Zafy Albert, Didier Ratsiraka, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina et du président de la République actuel, Hery Rajaonarimampianina. Une rencontre qui, en quelque sorte, a pris la forme d’un conclave dans la mesure où mis à part les principaux concernés, aucune autre personnalité n’a été autorisée à s’approcher de l’entrée de l’Hôtel 5 étoiles. Pour ne citer que les proches collaborateurs de l’ancien président de la Transition, entre autres, Christine Razanamahasoa, Pierre Houlder et Irma Naharimamy qui ont en quelque sorte été « renvoyés ». Pour leur part, Tojo Ravalomanana, ainsi que quelques proches collaborateurs de « Deba » et de « Zafy » ont dû attendre sur le parking du Centre de Conférence International d’Ivato jusqu’à la fin de la rencontre. Même topo pour les membres de la presse locale et internationale venus nombreux sur le lieu pour couvrir l’évènement.
Alouette II. Parmi les participants, l’ancien président de la Transition Andry Rajoelina a été le premier à se présenter sur le lieu. « Deba » a ensuite débarqué à bord d’une voiture Mercedes. Pour sa part, l’actuel locataire d’Iavoloha, Hery Rajaonarimampianina, fortement escorté, est arrivé sur le lieu quelques minutes avant le locataire de la Villa La Franchise, Zafy Albert, qui a été déposé par une 4×4 « Santa Fe » de fabrication chinoise offerte par l’Etat. Pour ce qui est de l’ancien exilé d’Afrique du Sud, Marc Ravalomanana, il a été déposé par un hélicoptère Alouette II de l’Armée Malagasy quelques minutes seulement avant le début du Sommet à 10 heures. D’après les explications du Chef d’Etat Major Général de l’Armée Malagasy (CEMGAM), le Général de Division, Rasolofonirina Béni Xavier, le Jet privé qui l’a transporté depuis Diégo a décollé à 7h30 du matin. Ravalo a donc fait le trajet Aéroport d’Ivato vers le CCI Ivato par hélicoptère. Une mesure prise certainement pour garantir la sécurité de l’ex-président.
Grand pardon. Quoiqu’il en soit, bon nombre d’observateurs considèrent la tenue de ce Sommet des 5 comme une victoire de Didier Ratsiraka. Et ce, dans la mesure où depuis son retour d’exil en novembre 2011, « Radidy » a toujours réclamé cette rencontre. « A cette occasion, je présenterai aux Malgaches une solution efficace à la crise », a-t-il martelé. Pourtant, selon une source digne de foi, le président fondateur de l’Arema n’a avancé hier aucune solution pour débloquer la situation. Cependant, il aurait été l’unique ancien président ayant donné son aval pour la libération immédiate de Marc Ravalomanana. Ce dernier l’a pourtant évincé du pouvoir en 2002. Est-ce un geste pour le grand pardon et une réconciliation sincère ou bien une position politique bien calculée pour arriver à une fin quelconque. En effet, l’on a pu constater durant le point de presse donné par les 4 Chefs d’Eglise, membres du Conseil des Eglises Chrétiennes de Madagascar (FFKM), que les années qui se sont succédé n’étaient pas suffisantes aux cinq Chefs d’Etats pour pardonner les erreurs commises par leurs adversaires politiques. C’est le cas notamment d’Andry Rajoelina qui, selon notre source, aurait refusé catégoriquement de cautionner la libération de Ravalo. « Quid de la demande d’indemnisation déposée par les victimes de la tuerie du 7 février », se demande-t-il. En effet, le président de la Transition estime que la réconciliation nationale ne devrait pas être axée sur le sort de Ravalo. Il préfère plutôt renvoyer la balle dans le camp du président Hery Rajaonarimampianina. « Son assignation à résidence fixe a été décidée par un décret pris en Conseil des ministres, il incombe donc au régime actuel de prendre la décision », estimerait-il. Pour sa part, le Professeur Zafy Albert aurait refusé de se prononcer sur la question.
Echec. En tout cas, même si aux yeux des observateurs, ce processus de réconciliation nationale est voué à l’échec vu les positions inconciliables et le manque de sincérité de la part des participants, la rencontre d’hier a permis de réaliser un petit pas vers l’avant. Au cours de ce point de presse, le président en exercice du FFKM, Mgr Ranarivelo Samoela Jaona, a annoncé que le président Hery Rajaonarimampianina s’est engagé à libérer les détenus politiques et de réfléchir sur le cas Ravalomanana avant la fin d’année. Toutefois, dans ce communiqué, il a été précisé que ce processus ne mettrait pas fin aux poursuites judiciaires en cours contre l’ex-président. En quelque sorte, « Dada » constitue le grand perdant de ce Sommet. Et ce, dans la mesure où il a été reconduit par un Jet privé dans son lieu d’assignation à résidence fixe à l’Amirauté de Diégo tout de suite après la rencontre. Il l’a d’ailleurs confirmé aux membres de la presse avant de quitter la salle. Reste à savoir cependant si Ravalo obtiendra une autorisation de sortie spéciale pour passer la fête de la nativité aux côtés de ses proches, ou bien il devrait attendre le 13 janvier, date prévue pour le deuxième round de ce conclave pour pouvoir quitter l’Amirauté. Bon nombre d’observateurs se demandent pourquoi attendre ce long intervalle de temps alors que la population s’enfonce de plus en plus dans une situation de pauvreté alarmante ?
Davis R