Une affaire de spoliation foncière éclate à Antsirabe. Elle implique des agents de l’administration foncière et un ancien élu de cette ville.
L’affaire remonte à 2018, lorsqu’il était question d’attribuer un terrain pour la construction d’un hôpital mère-enfant à Antsirabe. Ce projet, financé par le Royaume du Maroc, représentait une initiative phare dans la ville en pleine expansion. Toutefois, la recherche d’un terrain disponible a rapidement dévoilé des pratiques illégales impliquant des responsables locaux. Une fois le quartier qui allait accueillir le projet d’infrastructure identifié à Ambohimanarivo, la démarche a profité à des manigances. En effet, pour faciliter l’identification des parcelles destinées à accueillir l’hôpital, la municipalité d’Antsirabe a mis en place une commission ad hoc, baptisée « commission Tany ». Cette instance était chargée de mener les négociations avec les occupants des terrains d’Ambohimanarivo et de redistribuer les parcelles restantes.
Si la démarche a permis d’attribuer un espace pour l’hôpital, elle a également ouvert la porte à de graves irrégularités. Une grande partie des parcelles restantes a été illégalement vendue et attribuée à des personnes ne remplissant pas les critères requis. Alerté, le Bureau indépendant anti-corruption (Bianco) a mené une enquête qui a révélé un vaste réseau de malversations. Selon les conclusions de l’investigation, les bénéficiaires de ces attributions illégales étaient en réalité des membres de la « commission Tany » ou leurs proches. Afin de masquer leur implication, ces individus ont eu recours à des prête-noms pour préparer les documents administratifs et obtenir les titres fonciers. Fait aggravant, ces prête-noms n’étaient même pas informés de l’inscription des terrains à leur nom. Par ailleurs, le responsable juridique de la municipalité de l’époque a été identifié comme acteur clé dans ces transactions frauduleuses.
Corruption passive
Le 6 février 2025, l’affaire a pris une tournure judiciaire avec la comparution de 21 personnes devant le Pôle Anti-Corruption (PAC). Parmi les accusés figurent l’ancien maire d’Antsirabe, deux ex-chefs de la Circonscription Domaniale et Foncière de la ville, ainsi que plusieurs membres de la commission Tany. Les chefs d’accusation retenus incluent des abus de fonction, du trafic d’influence, et de la corruption passive et active. Au terme de cette audience, 17 des 21 prévenus, dont l’ancien maire et les membres de la commission Tany, ont été placés sous contrôle judiciaire, tandis que 4 autres ont bénéficié d’une liberté provisoire. Reste à voir si la justice saura faire toute la lumière sur ce scandale et sanctionner les responsables.
Rija R.
Typique histoire Malagasy !