La Commune urbaine d’Antananarivo peut pavoiser puisque le tribunal administratif a débouté le préfet demandant l’annulation de l’arrêté autorisant l’ouverture de la Place de la démocratie à Ambohijatovo. Le théâtre de verdure sera donc à partir de maintenant à la disposition de tous ceux qui en feront la demande. En théorie donc, toutes les manifestations pourront se tenir dans ce lieu mythique, mais le préfet aura pourtant le dernier mot si ces dernières ont une connotation politique.
Statu quo pour la Place de la démocratie
Le préfet de police, bien qu’il n’ait pas eu gain de cause, n’a pas perdu la face puisqu’il décidera en dernier ressort. Il a d’ailleurs fait savoir qu’il n’envisage pas de saisir le conseil d’Etat à propos de cette décision du tribunal administratif. La fermeture du jardin d’Ambohijatovo décidée sous l’ère d’Andry Rajoelina était une véritable aberration car il s’agissait de museler toutes les formes de contestations. Le président de la Transition s’était d’ailleurs dédit puisqu’il avait aux premières heures des manifestations de 2009 promis de faire de ce jardin d’Ambohijatovo un endroit où les citoyens pourraient s’exprimer librement. Le conseil municipal de la CUA avait, à raison, décidé d’adopter une délibération annulant la décision de fermeture de cette place emblématique. Le préfet, représentant de l’Etat, a décidé d’utiliser ses prérogatives et ne veut pas voir de manifestation où l’on constatera plus ou moins violemment l’autorité de l’Etat. La CUA pourra donc, elle aussi, user de son droit pour autoriser l’utilisation de la place pour des réunions publiques qu’elles soient festives, religieuses ou politiques. Ces dernières, si le préfet les juge susceptibles de troubler l’ordre public, seront immédiatement interdites. Force sera donc à l’administration préfectorale. On ne sait sur quels critères, il va juger le degré de nuisance de ces manifestations. A Antananarivo, on n’aura pas de place où les citoyens pourront s’exprimer librement.
Patrice RABE