Après les tortues, c’est au tour des caméléons d’être sortis clandestinement dans les bagages d’un étranger passant les contrôles de l’aéroport d’Ivato. La prise des douaniers malgaches mérite un beau coup de chapeau, mais ne peut pas compenser la perte de tous les animaux appartenant à des espèces protégées qui échappent aux contrôles de nos agents. Le pillage de notre faune et de notre flore ne peut pas être évalué sur le plan financier, les dommages que nous subissons au niveau de l’environnement sont autrement plus importants. C’est tout notre patrimoine qui est en train de disparaître à cause de la cupidité de trafiquants sans scrupule et de leurs complices locaux.
Stopper le trafic d’espèces protégées
Les mises en garde des organisations internationales travaillant dans le domaine de la préservation de la faune et de la flore sont récurrentes et les fonds alloués pour lutter contre cette destruction lente sont importants. Mais la capture d’animaux appartenant à des espèces protégées continue. Certes, d’importants efforts ont été faits au niveau de la prévention et le braconnage est plus difficile qu’auparavant, mais l’appât du gain étant le plus fort, les contrevenants n’hésitent pas à braver les forces de l’ordre et à déjouer tous les obstacles mis sur leur route. Ces dernières années, les animaux et les plantes exportés illégalement ont souvent réussi à passer les contrôles aux frontières malgaches sans être inquiétés et c’est à l’étranger que des saisies ont été opérées. Ce trafic alimente un commerce particulièrement lucratif pour ceux qui s’y adonnent. Les magasins spécialisés qui vendent ces animaux ont pignon sur rue et ont une clientèle qui est prête à payer au prix fort pour satisfaire leur désir d’exotisme. Les autorités des pays européens commencent à sévir contre ce trafic, mais les lobbies qui les protègent sont puissants. C’est donc à la source, c’est-à-dire chez nous, qu’il faut commencer à agir. La lutte commence déjà par l’éducation et la communication, mais la pauvreté qui règne chez nous est un frein à la prise de conscience du péril qui nous guette. Beaucoup d’efforts reste à faire pour gagner cette bataille.
Patrice RABE