
Le processus de succession à la présidence de la FJKM est enclenché après la « suspension » du pasteur Lala Rasendrahasina.
L’affaire pasteur Lala Rasendrahasina continue d’alimenter les débats. Elle n’est plus l’unique affaire des croyants FJKM. L’affaire a pris une tournure et une envergure politique à partir du moment où Marc Ravalomanana, vice-président laïc de l’église protestante réformée, a affirmé que le pasteur Lala Rasendrahasina a été victime d’un coup fomenté par Iavoloha. Par Iavoloha, Marc Ravalomanana voulait entendre le pouvoir en place ou le président de la République Hery Rajaonarimampianina et ses proches collaborateurs. Autrement dit, l’ancien président voulait faire comprendre que derrière cette affaire politico-religieuse, il y a deux principaux protagonistes, d’une part le tandem qu’il forme avec le pasteur Lala Rasendrahasina à la tête de la FJKM depuis 2004 à l’issue du grand synode de Manakara, et d’autre part, le pouvoir en place qui n’a pas intérêt à ce que ce tandem reste là jusqu’en 2018.
Machine électorale. Visiblement, l’équipe de Marc Ravalomanana ne cède pas aux coups de son présumé adversaire dans cette affaire. Ayant poussé à la sortie le pasteur Lala Rasendrahasina pour ne pas hypothéquer sa chance au synode qui aura lieu au mois d’août à Antsirabe, cette équipe essaie de s’organiser pour réparer les dégâts. Pour Marc Ravalomanana, l’enjeu est grand : rester au sein du bureau central de l’église lui permettrait d’affronter les Présidentielles de 2018. Durant ses mandats, il y a eu des moments où Marc Ravalomanana avait utilisé l’église FJKM comme une machine électorale. Des pasteurs FJKM s’étaient même permis de faire de la propagande politique en faveur de leur vice-président laïc dans leurs paroisses et durant les prêches. L’ancien président n’a pas lésiné sur ses moyens (les moyens de l’Etat) pour aider l’église. Certaines confessions se sentaient lésées. Marc Ravalomanana avait été accusé de fouler aux pieds le principe de la laïcité de l’Etat.
Candidats à la succession. Août 2018 n’est plus loin. A l’allure où vont les choses, le pasteur Lala Rasendrahasina ne briguera pas un quatrième mandat. L’équipe de Marc Ravalomanana serait donc obligé de trouver un candidat crédible pour assurer la succession de Lala Rasendrahasina. Marc Ravalomanana ne sera pas candidat à la présidence de la FJKM, car le président doit être un pasteur. Dans l’actuel bureau central, deux noms circulent. Il y a le pasteur Zarazaka Jean Louis (vice-président) et le pasteur Marinasy (secrétaire général). Ces derniers pourraient être cependant handicapés par le critère ethnique. S’il est vrai que le pouvoir central a ses mains derrière l’affaire Rasendrahasina à en croire Marc Ravalomanana, il y aura un ou des candidats qui bénéficieraient du soutien d’Iavoloha ou d’Ambohitsorohitra. C’est comme dans des élections qui n’ont rien à voir de près avec la politique, mais qui suscitent l’intérêt des gens au pouvoir.
R. Eugène