Une défaillance de plus pour le régime en général et le ministère de l’Industrialisation en particulier. Ils n’ont pas su protéger les investissements d’une entreprise.
Il y a un peu plus d’une semaine, le ministre de l’Industrialisation Jules Etienne Roland s’était rendu à Morondava pour régler les différends entre les employés grévistes de la SUCOMA et leur patron chinois. Ce dernier devait même déclarer lors d’une conférence de presse que la situation était revenue à la normale. Quelques jours après cette descente du ministre de tutelle, c’est le Premier ministre Kolo Roger lui-même qui a fait le déplacement dans la capitale du Menabe pour débloquer à sa manière la situation. Mais ni l’un ni l’autre n’a visiblement réussi sa mission pour désarmer la bombe puisque, au final, l’affaire a abouti à une destruction importante de l’unité sucrière SUCOMA de Morondava qui aurait d’ailleurs été incendiée.
Perte totale. Un lourd bilan en somme puisque les manifestants ont pillé l’entrepôt de SUCOMA comportant plus de 5 tonnes de sucre. Par ailleurs, les matériels roulants, tracteurs et autres engins, ont été détruits lors des émeutes de ces deux dernières journées. Sans compter le bloc administratif de l’usine ainsi que la résidence des Chinois et de quelques cadres nationaux de la SUCOMA. De source proche des dirigeants chinois, les dégâts matériels se sont chiffrés à 80 millions de dollars. « Pour le moment on n’a pas encore une idée exacte de l’étendue des dégâts, mais les pertes sont estimées à 80 millions de dollars » selon notre source. Une possibilité de perte totale, en somme. Et il sera difficile de remettre sur pied cette usine qui était pourtant le fleuron de la région. « Si on a encore la volonté de le faire, il faudrait pas moins de 3 ans pour redresser la SUCOMA » selon toujours notre source.
Défaillance. Mais en attendant cette hypothétique reprise de la SUCOMA, les conséquences immédiates des pillages et des incendies d’hier sont très graves. Pas moins de 2 000 emplois permanents et saisonniers sont perdus. Sans compter la perte de crédibilité de Madagascar dans le domaine de la protection des investissements étrangers. Normalement, cette mission incombe au gouvernement dont le ministère de l’Industrie, mais les résultats prouvent qu’il y a eu défaillance. Bref, l’image de Madagascar vient, une fois de plus, d’être ternie par au moins deux événements qui ont eu lieu ces derniers temps : la peste et ces émeutes qui peuvent entraîner une réticence des investisseurs à venir à Madagascar.
R.Edmond
