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mercredi, juin 26, 2024
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(Suite de l’interview avec le FMI)

  1. Après cette mission, y a-t-il des changements ou une évolution sur les relations du FMI avec Madagascar ?

Patrick Imam. Avec l’approbation récente du soutien financier au pays, les relations entre Madagascar et le Fonds ne peuvent que se raffermir davantage. Comme j’ai déjà mentionné, les discussions entre le Fonds et les autorités Malagasy vont encore se poursuivre très prochainement à la suite de cette mission à Washington. Cela implique une bonne continuation de la relation sur tous les plans.

  1. Comment se situe Madagascar aujourd’hui, vis-à-vis des bailleurs de fonds ? Sommes-nous en bonne posture pour la Conférence des bailleurs en décembre prochain ?

Patrick Imam. Il est difficile de se prononcer au nom des autres partenaires techniques et financiers, sur leur position respective par rapport à la fois à la situation qui prévaut actuellement au pays mais aussi par rapport à la conférence des bailleurs et des investisseurs. Néanmoins, même si chacun d’entre nous a sa propre appréciation, il existe quand même certains points communs par rapport à notre évaluation respective. Nous sommes conscients que les autorités Malagasy ont fait de leur mieux afin d’adresser les nombreux défis auxquels ils étaient et sont encore confrontés. A certains moments, ils ont dû prendre des décisions difficiles, à la fois sur le plan politique, économique et sociale, mais ils ont plus ou moins tenus leurs engagements jusqu’à présent afin de mener à bien leurs agenda de développement. Et ce, malgré la faiblesse des ressources financières disponibles et malgré un contexte international et national pas toujours en faveur des réformes. Des décisions que nous savons et qui ont commencé à apporter leurs fruits et pour lesquelles nous ne pouvons que féliciter les autorités.

En dépit de ces progrès, cependant, nous, partenaires, continuons d’avoir certains soucis que nous partageons communément et sur lesquels nous continuons à attirer l’attention des autorités Malagasy. D’ailleurs, c’est ce que nous avions fait lors de notre récente rencontre avec le Premier Ministre ainsi que divers membres du Gouvernement, qui nous ont offert l’occasion de partager quelques uns de ces soucis. Parmi lesquels figurent les questions humanitaires liées à la sécheresse dans le Sud du pays, la problématique de la gouvernance et notamment de la question de la corruption, la gestion des entreprises publiques et plus précisément de la JIRAMA ainsi que le problème de l’insécurité.

Le fait d’être en bonne posture ou pas vis-à-vis de la conférence des bailleurs et investisseurs dépendra essentiellement de la poursuite des actions de réformes que mènera le Gouvernement. D’énormes progrès ont été réalisés mais une importante marge de manœuvre reste encore disponible et les autorités disposent encore de deux mois supplémentaires pour démontrer leur réelle volonté de faire avancer les choses dans le bon sens. Des réformes audacieuses au niveau de la société JIRAMA et des actions concrètes dans la lutte contre la corruption, d’ici la tenue de la conférence, constitueront, par exemple, de signaux forts que les autorités pourraient envoyer à l’endroit des participants à la conférence.

  1. Des mesures ont été évoquées sur la cession de 49% du capital d’Air Madagascar ; et de même pour le cas de la Jirama. Sont-ce des décisions convenues ou imposées par le FMI ?

Patrick Imam. Une chose que je tiens à préciser, et qu’il ne faut pas oublier, est que le Fonds, ainsi que les autres partenaires, ne sont ici que pour appuyer techniquement et financièrement le Gouvernement Malagasy. Par conséquent, en aucun cas, il ne saurait se substituer à ce dernier dans les décisions qu’il prend dans la conduite de sa politique. Les partenaires, n’étant là que pour apporter leurs expertises ainsi que leur expérience en conseillant au Gouvernement la meilleure solution possible pour aborder un cas particulier, mais les partenaires ne peuvent imposer quoi que ce soit. L’Etat Malagasy est souverain dans toutes ses décisions, y compris celles concernant les sociétés d’Etat telles qu’Air Madagascar ou bien la JIRAMA.

Par ailleurs, il faut rajouter que le FMI ne dispose pas des expertises sectorielles nécessaires pour pouvoir conseiller une stratégie plutôt qu’une autre à telle ou telle entreprise d’Etat. Pour des questions de cet ordre, nous nous reposons totalement sur les avis de nos collègues de la Banque Mondiale ou de la Société Financière Internationale ou bien de la Banque Africaine de Développement, qui disposent des compétences requises en la matière. Pour le FMI, les principaux soucis concernent les implications de la gestion de ces sociétés sur le budget de l’Etat et l’impact sur le secteur privé ainsi que la croissance économique.

  1. En parlant d’impacts sur l’économie, qu’est-ce qui explique la récente appréciation de l’Ariary, selon vous ?
    Patrick Imam.
    Après l’importante dépréciation de l’année dernière, suite notamment à l’arrêt des interventions de la Banque Centrale, l’Ariary a commencé à s’apprécier vers la fin du mois de Juin. Ainsi, entre le mois de Juin et Août, l’Ariary s’est apprécié d’environ 7.5% en moyenne par rapport à l’Euro et le dollar. Une analyse plus poussée par les autorités monétaires Malagasy et de nous-mêmes a révélé que l’appréciation résulte d’un afflux important de devises sur le Marché Interbancaire de Devises (MID) afin de préfinancer une campagne de vanille fortement boostée par une importante hausse des prix de la vanille sur le marché international comparée à l’année dernière.

Outre les effets bénéfiques que l’augmentation du prix de la vanille aura sur le déficit de la balance courante de Madagascar, elle aurait eu surtout l’avantage d’avoir permis à la Banque Centrale de Madagascar de renforcer davantage ses réserves en devises. En effet, afin de limiter l’appréciation de l’Ariary, et suivant ses directives opérationnelles pour le marché des changes, cette dernière a régulièrement acheté des devises sur le MID. Entre le 1 Juillet et mi-Août,  elle a acheté environ 32 millions de dollars pour renforcer ses réserves.

L’appréciation n’a pas, cependant, eu que des impacts positifs sur l’économie. Elle a aussi engendré une certaine complication dans la mise en œuvre de la politique budgétaire 2016, notamment dans l’exécution du budget. En effet, elle a contribué à réduire la valeur nominale en Ariary des dons et prêts reçus par l’Etat, générant une manque-à-gagner pour ce dernier et pour laquelle l’Etat doit trouver une solution pour éviter d’avoir un gap.

Parallèlement à l’appréciation de l’Ariary, on assiste également à un assèchement de la liquidité au niveau du système bancaire. Une raréfaction qui résulte principalement d’une forte demande en Ariary au niveau des banques afin de payer les producteurs de vanille. Ces derniers ne disposant pas, dans leur grande majorité, de compte bancaire, leurs paiements se font essentiellement en liquide, ce qui n’est pas pour favoriser le retour rapide des billets au niveau du système bancaire. A cela s’ajoute le fait que les producteurs détiennent délibérément une partie du liquide afin d’assurer la prochaine campagne qu’ils prévoient encore d’être intéressante. Quoique ce phénomène est projeté d’être temporaire, il introduit quand même des complications dans la gestion à la fois de la politique monétaire mais également dans la gestion du budget, étant donné que l’Etat a du mal à satisfaire ses besoins de liquidité sur le marché du BTA pour pourvoir financer le déficit du budget.

 Propos recueillis par Antsa R.

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