« La chute du régime dictatorial de Bachar Al Assad représente pour les Syriens une opportunité historique de construire un avenir stable et pacifique ». Cette phrase est prononcée par le SG de l’ONU après la débandade de l’armée syrienne et de l’atmosphère de libération régnant à Damas et dans tout le pays. Cet optimisme affiché par Antonio Guiteras n’est pas partagé par la communauté internationale qui sait que le chemin à parcourir pour y parvenir est parsemé d’obstacles à franchir. Son envoyé spécial pour la Syrie est cependant plus mesuré et affirme que les acteurs clés de la résolution de la situation ont entendu l’appel à des pourparlers urgents à Genève et le soutiennent.
Syrie : le long chemin pour parvenir à la démocratie
Pour le moment, la population syrienne vit dans la liesse et goûte avec satisfaction à cette atmosphère de libération survenue après l’entrée des forces islamistes à Damas. Les Syriens, qui ont eu des proches emprisonnés et torturés, se sont rués sur les prisons pour essayer de les retrouver. La répression du régime de Bachar Al Assad a été impitoyable. Les mouvements de contestation ont été noyés dans le sang. Lors du printemps arabe, les manifestants ont été écrasés par les forces armées. Il y a eu 13.000 morts et le régime n’a pas vacillé. Un plan avait été élaboré à Genève appelant à la fin des violences, à la libération des détenus et à l’ouverture d’un dialogue politique inclusif. Il avait été approuvé par le conseil de sécurité en avril 2012. Il n ‘a pas pu être appliqué. Le conflit a même augmenté d’intensité. Les envoyés spéciaux se sont succédé et n’ont pu que constater l’impasse des pourparlers. En 2015, un engagement diplomatique des acteurs clés comme les Etats Unis, la Russie, la Turquie a abouti à la création d’un groupe international de soutien à la Syrie. La résolution 2254, adoptée au conseil de sécurité, a établi une séquence et un calendrier pour une transition politique. Elle n’est pas encore appliquée. Le départ de Bachar Al Assad ouvre de nouvelles perspectives, mais il faudra déployer beaucoup d’efforts pour parvenir enfin à l’installation d’une démocratie digne de ce nom.
Patrice RABE
