Ancien président de la Fédération de taekwondo, entraîneur, coach et arbitre, Roty Randriamandrato n’a jamais quitté son dobok pour sa passion qu’est le taekwondo. Il est toujours là, donnant conseils, apportant des appuis et ne mâchant pas ses mots quand il le faut. Interview
Midi Madagasikara : « Comment voyez-vous l’avenir du taekwondo ? »
Me Roty Henri Randriamandrato, passionné de taekwondo : « Sur le plan international, le Taekwondo olympique est une discipline solide avec une structure résolument moderne et des pays de plus en plus participatifs, avec des renouvellements systématiques, en accord avec l’air du temps. Evidemment, rien n’est parfait mais au moins les choses bougent bien et on pense rester olympique pour longtemps encore.
Sur le plan national, c’est-à-dire ici à Madagascar, la discipline est à l’évidence malade, victime d’une politique totalement défaillante, sans objectif et à l’évidence, utilisée à des fins personnelles. Il n’y a plus eu de vrais championnats nationaux depuis bien longtemps et il est difficile aujourd’hui de dire ce qu’il en sera dans les mois à venir. Autant dire, on se demande si ce n’est pas fait exprès. L’ancien comité exécutif a définitivement lâché prise, laissant une fédération sans queue ni tête. Décevant pour des dirigeants qui ont de grosses expériences internationales. Le Taekwondo en tant que discipline olympique est l’otage de tractations électorales de toutes sortes et n’est plus que l’ombre d’elle-même. Curieusement, on ne s’en préoccupe pas trop en haute sphère ; à l’évidence, les préoccupations sont ailleurs, pour ne pas dire en second plan. J’ai à l’occasion, tiré la sonnette d’alarme mais rien n’y a fait. Très décevant pour un pratiquant comme moi… »
M.M. : Où se situerait le niveau technique du Taekwondo malagasy ?
R.H.A : « Difficile de donner une vue d’ensemble. Sur le plan compétition, comme il n’y a pas de compétitions nationales, on dira que nous sommes au plus bas. Les athlètes pris un par un, sont toujours bons mais ils n’ont plus eu les confrontations techniques nécessaires pour être « classés » correctement. Sur le plan africain, je pense que nous sommes vers la 11e ou la12e place. Ce n’est pas très bon. Comme dans pas mal de disciplines sportives, nous brillons chez les autre… Par ailleurs, nous n’avons toujours pas suffisamment d’arbitres internationaux en nombre suffisant. Bref, tout est à refaire je crois. C’est désolant mais c’est la réalité. Nous manquons de réalisme. Nos techniciens sont démotivés.
M.M. : « Est-ce que vous prendriez part à la nouvelle fédération si vous êtes appelé ? »
R.H.A : « Sans hésitation. C’est ma passion et non mon travail. Je ne laisserai jamais ma discipline à l’abandon. Mais il faudrait déjà que l’on m’appelle. Je suis aujourd’hui un technicien mondial appelé à gérer du continental et du mondial.
M.M. : « Qu’en est-il de notre présence internationale ? »
R.H.A. : « Nous avons le potentiel qu’il faut pour gagner des médailles à l’international, et sûrement aux Jeux Olympiques. Il faudra donc se réveiller et commencer à travailler avec méthode. Mais rien ne sera possible, si les pratiquants ne sont pas écoutés comme maintenant. Par ailleurs, il faut de l’ambition et les moyens qui vont avec. Il faut une nouvelle équipe sérieuse et désintéressée ».
Recueillis par Anny Andrianaivonirina


