Il figure sans aucun doute parmi l’une des personnalités célèbres du slam malgache. Il n’est pas non plus un inconnu sur facebook, pas spécialement parce qu’en 2010, il remporte la 3e place lors de la coupe du monde de slam à Paris. C’est parce qu’il dit haut et fort et écrit dans ses postes et ses textes ce que tous pensent tout bas.
Comique la plupart du temps, ou, souvent serait plus approprié. Sérieux quand il le faut, romantique quand il parle de celle avec qui il est en couple, mais également et surtout engagé ! Il ne faut cependant pas prendre « engagement » au premier degré. Son engagement, c’est d’ailleurs à travers ce qu’il sait faire de mieux qu’il le témoigne : le slam. A travers ses textes, ses publications, sur le réseau facebook surtout, Tagman Namgat témoigne de cet engagement. Un engagement plutôt social qu’autre chose. Car comme beaucoup de ses compatriotes, lui aussi ne peut rester de marbre face à la situation chaotique dans laquelle est plongée la ville, la Capitale. Il dit haut et fort et écrit au vu et au su de tout le monde ce que la plupart pensent tout bas.
Sarcasme. Sa plus grande arme, c’est l’humour et le sarcasme. « 1500 invités quand même. Il en a des « amis », à la Présidence de la République de Madagascar. Noblesse oblige ou plutôt « no bless oh bridge ». Une autre de ses publications sur le réseau social : « J’ai une idée. Vu comme c’est parti, je propose qu’Antananarivo soit un carrefour à ordures [où on mettra tous les ordures de tout le pays], ce qui ne change pas grand chose, vu son état actuel. Surtout que personne ne semble chercher/trouver une solution. Ensuite, on crée une nouvelle ville [ce n’est pas l’espace qui manque à Madagascar] avec de bons plans d’urbanisation et d’évacuation d’eaux « usées » et on en fait la capitale de Madagascar.PS : Je suis sérieux. Cordialement ». Tagman de s’exprimer : « Tellement je trouve que pleins de choses ne marchent pas à Madagascar que j’ai envie de dénoncer certaines pratiques. Je sais que le Président ne verra jamais ces publications mais j’ai surtout envie, en faisant ça, que les gens se rendent compte qu’il y a des choses auxquelles on s’accoutume alors qu’on ne le devrait pas. Le délestage par exemple. Toutes ces coupures d’électricité trop fréquentes, la montée des eaux dans les bas quartiers, on commence à trouver que c’est normal alors que ça ne l’est pas. On a des mois pour mettre en place un système d’évacuation efficace. Le résultat est pourtant là, ce n’est pas normal. Après je ne pousse personne à faire quoi que ce soit. Chacun fait ce qu’il juge bon, mais forcément le développement de Madagascar passera par un éveil collectif ».
Parcours. « J’avais beaucoup d’admirations pour les slameurs déjà reconnus à l’époque (Tsiky, Bini, Tombo…) et j’avais un rêve. Qu’un jour, j’atteigne leur « niveau » donc ça m’a poussé à écrire beaucoup, à être toujours présents, à surtout écrire des trucs drôles, devenus ma signature plus tard ». Ayant commencé à slamer en 2008, Tagman remporte son premier tournoi, lors de l’évènement « di-moi 10 mots » à l’Alliance française. L’année suivante, il se démarque encore et représentera Madagascar à la coupe du monde de slam. Il ne sera pas lauréat mais se place toutefois en troisième position. De 2011 à 2013, il est à l’affiche de plusieurs manifestations, « La main et le cœur » avec Madagaslam, spoken word africa, tournée kultur’z’urbaine entre autres. Dernièrement, il a été sacré vice-champion du slam 2015. Mais Tagman n’a pas encore dit son dernier mot. Il a encore certainement beaucoup de trophées à remporter. C’est en tout cas ce qu’on lui souhaite.
Mahetsaka
