S’il y a un club, un nouveau qui plus est, qui a réussi à faire une entrée fracassante chez l’élite du football malgache, c’est bien Fosa Juniors.
Se hisser jusqu’en demi-finale de la Telma Coupe pour ensuite faire partie des quatre meilleurs clubs du moment dans la fameuse Poule des As avant de ramener de l’île Maurice le titre de champion de l’Océan Indien chez les moins de 15 ans, c’est en quelques phrases les exploits de Fosa Juniors en 2016.
Si ce n’est pas un très grand club, Dieu que cela lui ressemble tant ses efforts tendent à le devenir. Tous les feux sont d’ailleurs au vert pour faire de Fosa Juniors un grand de Madagascar et peut-être aussi de l’Afrique tant son président, le Néerlandais Arno Steenkist a de l’ambition. Voire un grand amour du football. Ce qui explique les moyens énormes qu’il met au service du club.
Une incursion dans son antre permet de savoir que le club a mis en place une organisation très professionnelle à tel point qu’on ne s’étonne pas de le voir truster les titres pour la nouvelle saison 2017.
Pour l’instant en effet, Fosa Juniors est l’un des rares clubs à faire de la formation des jeunes ses priorités. Le club comporte en effet toutes les tranches d’âge dont les moins de 10 ans et moins de 13 ans qui sont confiés à Rado Rasoanaivo et le Néerlandais Bob Koweijik. Les moins de 15 ans qui viennent d’être sacrés champions de l’Océan Indien sont aux mains de Tony Rabarison, un technicien de haut niveau qui a eu sa licence A d’entraîneur à Leipzig, en Allemagne.
Le Néerlandais Rene Hiddink est en charge de la formation U17 alors que Henry Rakotomalala s’occupe des Espoirs tandis que l’élite est confiée à André Wetzel.
Récit de ses principaux dirigeants du club.
Arno Steenkist :
« Je suis fier des résultats de l’équipe en 2016 ! »
Le président de Fosa Juniors, Arno Steenkist, brise le silence pour parler de son club et de ses ambitions pour la nouvelle saison sans pour autant cacher sa joie d’avoir été au rendez-vous des moments forts qu’a vécu le football malgache en 2016. Il en parle…
Midi Madagasikara : Après avoir raté la Coupe puis la Poule des As, est-ce que vous n’êtes pas déçu ?
Arno Steekist : « Mais pas du tout, je suis même fier des résultats de l’équipe en 2016 car en 10 mois nous avons pu mettre en place une équipe qui rivalise avec les meilleures malgaches. Il faut dire que pour un jeune club comme le nôtre, c’est un exploit d’avoir participé à la Poule des As. Quand notre équipe U15 est sortie championne de l’UFFOI, il ne faut pas faire la fine bouche et louer les efforts consentis par tous les membres du club, des joueurs à l’encadrement. »
Midi : Pensez-vous qu’à l’avenir vous allez envoyer vos meilleurs éléments jouer dans des grands clubs européens ?
A.S. : « Dans un premier temps, nous allons nous concentrer sur la saison 2017. Le plus important c’est d’avoir une équipe vraiment compétitive pour le titre de champion de Madagascar mais si par bonheur, un de nos joueurs intéresse un grand d’Europe, je ne serais pas celui qui l’y empêcherait. Le football est un challenge de tous les jours et on essayera pour notre part de faire progresser nos joueurs. Le reste ne dépend pas forcément de nous. »
Midi : Peut-on savoir ce qui vous motive à investir autant ?
A.S. : « L’amour du football bien sûr mais aussi le désir de participer au développement du football à Madagascar. »
Eva Rasamison : « L’éducation passe avant tout »
Pour une femme qui affirme n’avoir pas été « foot » au début, la vice-présidente de Fosa Juniors, Eva Rasamison, est aujourd’hui devenue une pièce essentielle du groupe avec l’intime conviction de pouvoir former moralement un bon joueur. Récit
Midi Madagasikara : Vice-présidente qui tient aussi le rôle de mère pour tous les joueurs de Fosa Juniors, quel est votre secret pour motiver autant les joueurs ?
Eva Rasamison : « Je n’ai pas de secret. Je me suis investie pour éduquer nos jeunes ou mes enfants si vous voulez. Bien avant le foot, l’éducation passe avant tout. Et partant de là, tout s’est enchaîné très vite car j’ai aussi attrapé le virus du football. Et investir pour investir, autant le faire très bien puisque aujourd’hui, Fosa Juniors est le seul club avec un statut pro et ce que cela suppose de joueurs salariés et donc de contrat professionnel. A la seule différence peut-être car si quelqu’un de chez nous tombe malade, il m’arrive de rester à son chevet. »
Midi : Cela suppose aussi un gros salaire ?
E.R. : « Je ne sais pas mais ce que nous donnons aux joueurs sont assez pour leur permettre de vivre normalement et de faire vivre leurs familles respectives. C’est encore peu par rapport aux gains dans les clubs pros en Europe, mais c’est assez si on ramène la question dans le cadre malgache. »
André Wetzel
« Nous nous sommes organisés pour être plus professionnel qu’avant »
L’entraîneur des seniors chez Fosa, le Néerlandais André Wetzel, piaffe déjà d’impatience pour reprendre l’entraînement avec de nouvelles mesures qui s’imposent. Il s’explique.
Midi Madagasikara : Fosa Juniors, après un premier essai déjà concluant, ambitionne-t-il de faire encore plus fort la prochaine saison ?
André Wetzel : « Evidemment que oui. Notre saison à nous débute d’ailleurs le 16 janvier 2017 et je vous annonce tout de suite que cela va être mouvementé. Les entraînements, en plein air et en salle, vont reprendre quotidiennement sauf le dimanche.
Une nouvelle année en fait avec une nouvelle organisation car on aura cette fois-ci un nouveau assistant coach mais aussi un coach des gardiens de but. Pour être encore plus professionnel, Fosa Juniors va aussi engager un « team manager » chargé de coordonner l’organisation allant du matériel à la restauration et même sur le plan mental et psychologique. »
Midi : Envisagez-vous de recruter d’autres joueurs ?
A.W. : « C’est dans notre intention car on compte renforcer l’équipe senior avec des éléments de qualité. C’est d’ailleurs décidé puisque nous avons déjà recruté des gardiens de but mais aussi quelques éléments clés pour rendre notre jeu plus efficace. »
Midi : On sait que Fosa est handicapé par la taille de ses joueurs. Comment comptez-vous y remédier ?
A.W. : « La taille des joueurs a un impact sur le rendement de l’équipe. On a vu que nous avons du mal lors d’un ballon arrêté comme c’était le cas à Fianarantsoa mais cela importe peu si on a la technique et la rapidité nécessaire. Faute de mieux car les grands gabarits sont rares à Madagascar, on préfère miser sur ces qualités et sur la vivacité. »