« Tradition et modernité I », la peinture de Tara Shakti se trouve actuellement à l’exposition « Hybrid identities » au Palazzo Albrizzi-Capello en Italie. La Malgache, diplômée en « consultant spécialiste du marché de l’art » à l’école Drouot Paris, en France, compose à travers ce tableau la dynamique sociale et culturelle malgache.

La rencontre de la lumière, d’un mouvement presque spirituel, et du visage apporte un humanisme rigoureux au tableau « Tradition et modernité I ». Pour l’évènement « Hybrid identities », cette œuvre de Tara Shakti a été sélectionnée pour être exposée au Palazzo Albrizzi-Capello, Venise en Italie depuis le 23 mai jusqu’au 6 juin. D’autres part, la peintre malgache pour mieux faire ressurgir ces femmes ou l’homme qu’elle « met en scène » dans une sorte de présence en force tranquille, elle fait peu usage des perspectives. Clé du renouveau. Pour sans doute ne pas laisser échapper le regard, la « point de fuite » idéologique et idéalisée de ses tableaux reste donc l’humain.
Dans « Tradition et modernité ! », ce dernier est un mâle à parapluie, dans un costume cravate à rayures verticales, drapé d’un tissu typique des « paysans » malgaches en hiver ou le soir venu. Faisant craindre à un énième folklorisation « woke », l’habitude acquise chez certains designers et artistes contemporains à Tananarive en l’occurrence. Raccourci de la paresse, présenter la tradition à l’autel de la modernité « capitaliste » se résumerait à réduire d’un regard presque simplificateur les traits culturels et les symboles identitaires. Un travail toutefois complexe, même s’il semble réducteur. Mais avec Tara Shakti, la simplicité prend le dessus.

L’homme au parapluie prend forme sur un fond au jeu de couleur complémentaire « rouge/vert », tacheté de blanc, l’école italienne de la première Renaissance. Des fleurs à profusion, oppressantes, puissantes et majestueuses. Il va sans dire que la nature tient une place importante dans les œuvres de l’artiste. La faune et la flore malgache en l’occurrence. Tiraillement entre l’ancien et le nouveau monde donc, au souvenir de Van Gogh et son arbre tout noir dans la « Nuit étoilée », le lien d’équilibre avec le parapluie. Et enfin, cette nature entêtée par sa permanence, difficile à ignorer à voir son ancrage dans l’imaginaire de Tara Shakti.
Cette profusion maîtrisée, d’où une limpidité dans les nuances, les formes, la composition… rassure. Absence de jeu d’équilibre sur une corde raide où seuls les grands maîtres comme Raparivo ou Andrianaivoravelona osent s’aventurer. Du quitte ou double. « À travers cette toile, Tara Shakti invite le spectateur à réfléchir sur la manière dont les traditions peuvent s’épanouir et se transformer dans le monde moderne, tout en préservant leur essence. Ce dialogue entre passé et présent, entre ancrage culturel et innovation… », fait remarquer le communiqué de l’exposition « Hybrid identities ».
Maminirina Rado