
Un atelier de travail a été organisé au mois de mai pour discuter de la révision des tarifs d’électricité des zones desservies par l’ADER. En zones urbaines, le changement de statut de la Jirama suscite également des craintes chez les usagers.
Le secteur de l’énergie, moteur essentiel du développement économique, fait l’objet d’une attention particulière, depuis plusieurs semaines. En mai dernier, un atelier de concertation s’est tenu au Louvre Antaninarenina, axé sur la révision des tarifs de l’électricité, dans un esprit de transparence et de recherche d’équilibre entre les intérêts des usagers et ceux des fournisseurs. L’événement a été conduit par les cabinets MacroConsulting et Gide Loyrette Nouel, qui ont partagé leur expertise avec l’ensemble des acteurs du secteur. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une refonte des mécanismes de tarification, tant pour l’électricité produite par la Jirama que pour celle destinée aux zones rurales sous la gestion de l’Agence de Développement de l’Électrification Rurale (ADER). Les discussions ont porté notamment sur les étapes techniques et juridiques à respecter, conformément au Code de l’électricité malgache. Mais si cette réforme est perçue comme une avancée pour les zones rurales, où l’accès à l’électricité demeure un enjeu fondamental, le climat est plus tendu en milieu urbain.
Vérité des prix
Les abonnés de la Jirama expriment des réserves face à une éventuelle hausse des tarifs, souvent associée à un service encore jugé défaillant. Du côté des entreprises, une augmentation pourrait être acceptable à condition qu’elle s’accompagne d’une nette amélioration du service, notamment en garantissant la fin des délestages. Toutefois, malgré une capacité de production en progression, la vétusté des infrastructures de distribution continue de provoquer des coupures fréquentes. Ce qui crée un handicap rendant très difficile, la fourniture de services de qualité pour la Jirama. Quant aux ménages que nous avons questionnés, ils restent majoritairement opposés à toute hausse, invoquant un pouvoir d’achat déjà limité et une confiance fortement érodée à l’égard de la Jirama. Pour beaucoup, la qualité du service, qui devrait être naturelle et méritée, ne justifie en rien une augmentation des tarifs. À noter que la Jirama peut encore maintenir les tarifs à leurs niveaux actuels, grâce aux subventions accordées par l’État, qui comble les pertes de la société. Mais avec son changement de statut et l’éventuelle entrée d’opérateurs économiques privés dans son capital, la nécessité d’un ajustement des tarifs est de plus en plus évidente. Bref, la révision en vue s’annonce donc comme un exercice d’équilibriste : concilier durabilité économique du secteur énergétique et justice sociale pour les consommateurs.
Antsa R.