
113 ans déjà ! L’ouvrage a tellement passionné les écrivains ou les journalistes du monde entier qu’ils ont tenté d’explorer le point de vue du littérateur. L’histoire de cet homme blanc élevé par des gorilles, qui s’est servi des lianes comme un moyen de locomotion dans la jungle, ne cesse d’épater jusqu’aujourd’hui la jeune génération. Ayant vu le jour en 1912, Tarzan, le roman de l’américain Edgar Rice Burroughs inspire les différentes maisons de production. L’œuvre a plusieurs fois resulté d’actions de transposition. Les têtes pensantes malgaches, bien que les opinions soient particulières, ont aussi leurs mots à dire.
Le récit de l’homme-singe ou le roi de la jungle intrigue les érudits, les passionnés de la littérature. Seul survivant dans un crache d’avion au cœur de la forêt d’Afrique, le frère adoptif de Chita, au fil du temps devient protecteur farouche de son environnement, traque les braconniers. Cette prise de position a été salué par les habitants des villages environnants. L’ordre est rétabli l’ordre. Et lorsqu’il crie les animaux et les villageois se sentent en sécurité.
En revanche, l’itinéraire de ce gentil homme blanc perdu dans la forêt soulève une controverse. Un part des littéraires avancent que l’auteur de l’aventure du singe blanc tire sur la corde sensible. « Edgar Rice Burroughs sensibilise ses lecteurs. En fait c’est l’expression de la pensée se prêtant à une interprétation figurée, indépendamment de son sens littéral et permettant de frapper les esprits. Il veut passer ce message : l’environnement, c’est – à – dire la faune et la flore, est précieuse », a précisé un étudiant de l’UNA Fredo Kepy, en Master de littérature. « Du point de vue insulaire malgache, regarder Tarzan, c’est comme regarder quelqu’un faire de la plongée à Nosy Komba avec un casque colonial en liège : c’est absurdement fascinant. La plume de Burroughs est efficace, cinématographique, captivante. Mais elle porte la marque indélébile de son époque : le héros ne peut être qu’un homme blanc, l’exception ne peut être qu´européenne », selon le litteraire Cerveau Kotoson.
Le concept attise évidemment la curiosité des spécialistes en sciences sociales et sciences humaines. L’historien malgache Dr Denis Alexandre Lahiniriko argumente en suivant la frise chronologique de l’évolution de l’homme. « C’est le symbole populaire du darwinisme social. Le milieu détermine le niveau de civilisation. Dans le darwinismes social, qui est la base idéologique du racisme et du colonialisme, justifie la « mission civilisatrice » car à travers ce roman on insiste sur l’inégalité de races dans laquelle l’européen blanc et chrétien se place au dessus de la pyramide. Devenir comme lui doit être l’objectif de toute autre race sinon elle dégénère et risque de disparaître selon encore la théorie de la sélection des espèces de Darwin. Et à travers lui on voit le discours colonialiste selon lequel les sauvages ont besoin de civilisation et elle doit venir de l’Europe, du blanc », a-t-il soutenu. Un autre historien, Alex Randriamahefa, voit la situation également de cet œil. « 1912 était une période coloniale, mais quelque part on aperçoit la critique de la « civilisation » qui est un crédo de l’époque », a-t-il maintenu. En effet, l’âge d’or de la colonisation britannique est situé entre la deuxième moitié du XIXème siècle et les années 1910. Donc, le contexte géopolitique de l’époque aurait inspiré l’auteur. Cependant, le jeune doctorant se demande si Rice Burroughs n’usait pas d’une figure de rhétorique par laquelle il dit le contraire de ce qu’on veut faire entendre, puisque l’auteur est américain. « L’écrivain a précisé que Tarzan est un fils d’aristocrate anglais. Alors qu’il a passé toute son enfance avec les singes. Ces derniers l’ont façonné, cela pourrait-être qualifié d’ironie, pourquoi pas ! » a-t-il conclu.
Féministe de première heure, une anthropologue enseignante à l’Université d’Antsiranana est persuadée que l’écrivain prône en quelque sorte l’équilibre des genres. « Tarzan représente aussi l’homme fort protecteur de la femme. L’introduction de Jane dans l’histoire le démontre. La caricature de l’homme musclé en opposition à la fragilité de la femme dans un environnement sombre, hostil et inconnu nourrit ce mythe qui véhicule le parfaît équilibre des genres et attribue à chacun la place qu’il doit occuper dans la société ».
Étant un art, la littérature a une valeur esthétique. Le littéraire, quant à lui, dépeint aussi bien son imagination que le contexte conformément à ce qu’il observe, ce qu’il entend ou ce qu’il vit. Par contre, les lecteurs ont leur manière de lire entre les lignes.
Iss Heridiny





