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lundi, août 11, 2025
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Taux direccteur figé à 12% : Une pause calculée pour masquer des fragilités structurelles

Entre taux directeur maintenu à 12% et taxation des intérêts bancaires, les politiques économiques sont de plus en plus restrictives

En gardant son taux directeur inchangé, la Banque Centrale (BFM) parie sur une désinflation progressive. Mais derrière cette posture prudente, les tensions extérieures et les fragilités structurelles de l’économie malgache se creusent.

Entre inertie stratégique et incertitude structurelle, la politique monétaire malgache semble pilotée à vue. Le statu quo décidé en août 2025 par la BFM reflète autant un pari économique qu’une absence d’alternative. La décision du Comité monétaire de la BFM de ne pas toucher au taux directeur pourrait sembler anodine au premier regard. En réalité, elle en dit long sur l’état d’esprit des autorités monétaires. Des préférences prudentes, attentistes, presque résignées à une dynamique d’inflation encore trop élevée (8,2% au deuxième trimestre 2025) malgré un resserrement entamé il y a plusieurs mois. Pour les économistes, ce choix traduit une conviction des décideurs. Celle que le gros de l’impact des hausses précédentes est encore en transit dans l’économie réelle. Une hypothèse plausible, mais risquée, tant les signaux sont ambivalents. Certes, l’inflation sous-jacente reflue lentement (7,3%), mais l’envolée du prix du riz (+12,3%) rappelle combien la stabilité des prix reste vulnérable aux chocs exogènes et à l’impuissance des instruments monétaires face aux défaillances structurelles de l’offre.

Sous condition

Sur le front de la croissance, le discours se veut optimiste. L’autorité monétaire prévoit un taux de croissance économique de 4,3% pour 2025, tiré par le secteur tertiaire. Pourtant, la réalité des entreprises formelles – des plus petites aux plus grandes – est tout autre. Pour celles-ci, les indicateurs d’activité sont dans le rouge. Le redressement espéré semble plus statistique que palpable. La dynamique du crédit bancaire (+13,9% sur un an) est souvent brandie comme un signe de vitalité. Mais elle reste à double tranchant. Cette expansion monétaire, si elle dépasse les gains réels de productivité, risque d’alimenter des bulles sectorielles ou des déséquilibres de financement, surtout dans un contexte où la part des prêts non-performants reste stable à un niveau élevé (9%).

Déficit menaçant

Cependant, le vrai signal d’alerte se situe du côté du compte courant. La balance courante a affiché un déficit équivalent à 4,4% du PIB, au premier semestre de cette année. L’effondrement des exportations de produits phares comme la vanille, le girofle, le nickel et le cobalt, combiné à une explosion des importations de riz, expose le pays à une dépendance croissante vis-à-vis des bailleurs et des flux de capitaux extérieurs. Ce creusement du déficit est masqué, pour l’instant, par une accumulation de réserves de change (6,3 mois d’importations), due aux décaissements du FMI (Fonds monétaire international) et du Groupe de la BAD (Banque africaine de développement). Il faut croire qu’il s’agit d’une cicatrisation artificielle qui ne règle rien sur le fond, car la balance commerciale reste structurellement déficitaire, et les termes de l’échange peu favorables.

Dilemme

Avec une masse monétaire projetée à +14,5% en fin d’année, soit au sommet de la bande de tolérance fixée par le FMI, la BFM marche sur une ligne étroite. Elle se heurte désormais au nœud central de la politique monétaire, obligée d’arbitrer entre inflation et croissance économique. Trop resserrer conduirait à étouffer la reprise. Trop relâcher risquerait de nourrir l’inflation et d’affaiblir davantage l’Ariary. Bref, l’enjeu est désormais moins dans la technicité des instruments que dans la lisibilité stratégique de la politique monétaire. Car ce que le rapport sur la politique monétaire révèle surtout, c’est une économie qui oscille entre incertitude mondiale, dépendance extérieure, et fragilité intérieure – et dont la stabilité repose, in fine, sur un équilibre aussi précaire qu’éphémère.

Antsa R.

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