
Petite lueur d’espoir pour les exportations malgaches vers les États-Unis, depuis que l’administration Trump a décidé de réduire à 15%, au lieu de 47% les tarifs douaniers sur les produits en provenance de Madagascar. Mais les impacts attendus sur l’économie en général restent inquiétants.
On rappelle que depuis le 7 août, les produits en provenance de Madagascar sont soumis à un droit de douane additionnel de 15% à l’entrée sur le territoire américain.
Compétitivité gardée
Selon les précisions de la douane malgache, ce droit additionnel s’applique en complément des régimes tarifaires déjà en vigueur, notamment ceux de la Nation la Plus Favorisée (NPF) ou de l’AGOA, qui a pris fin le 30 septembre dernier, mais dont l’extension est encore en suspens. Ainsi certaines catégories spécifiques de produits sont encore exemptées, telles que les matériaux à caractère informatif, les dons humanitaires, les effets personnels accompagnant les voyageurs, ainsi que les marchandises soumises à des droits particuliers liés à la sécurité nationale. Les produits miniers exportés par Madagascar, notamment ceux classés comme stratégiques, font également partie des marchandises non soumises à ce tarif additionnel. Quoiqu’il en soit, les exportateurs des produits taxés se contentent du fait que Madagascar pourrait encore garder sa compétitivité dans la mesure où les principaux pays concurrents sont également frappés par ce droits de douanes de 15%. Un taux réduit, rappelons-le puisque au début, l’administration américaine l’avait fixé à 47%.
Pesant d’or
Il n’empêche que cette taxation aura des conséquences négatives sur les exportations de Madagascar vers les États-Unis. Des exportations qui valent leur pesant d’or dans l’économie malgache puisqu’elles représentaient, en 2024, une valeur de 733,2 millions US$, tandis que les importations en provenance des États-Unis ont été de 53,4 millions US$. Par ailleurs, la part des exportations vers les États-Unis représenteraient 15,75% des exportations totales de la Grande île. Parmi les secteurs qui vont subir les conséquences néfastes de ces taxes, la Banque africaine de développement (BAD) cite le textile et la vanille. Dans son dernier rapport-pays sur Madagascar, ce bailleur de fonds indique notamment que cette hausse des tarifs douaniers affecterait particulièrement les secteurs du textile et de la vanille. « Le textile et habillement (19,4% du PIB) représente environ 60% des exportations manufacturières, et est évalué à environ 550 millions USD par an, dont une grande part est destinée aux États-Unis. La vanille (8% du PIB) dont Madagascar produit environ 80% de la production mondiale, est principalement exportée aux États-Unis. Les impacts immédiats de la hausse des droits de douane se traduirait par une perte de compétitivité et une réduction substantielle des recettes d’exportation, aggravant le déficit du compte courant estimé à 5% du PIB en 2024 ».
Diminution des recettes fiscales
En somme, l’économie en général subit les conséquences de cette taxation américaine. Le rapport de pays de la BAD indique sur ce point : « À moyen terme, elle provoquerait une diminution des recettes fiscales déjà faibles (10,8 % du PIB en 2024), une baisse des investissements et une perte d’environ 1% du PIB. À long terme subsistent des risques de désindustrialisation, d’augmentation de la pauvreté, de montée du chômage, et d’accentuation des inégalités sociales. Parallèlement, les États-Unis ont réduit leur aide au pays, de 226,7 millions US$ en 2024 à 9,2 millions US$ en 2025, ce qui aggraverait la situation sociale, notamment les programmes de vaccination et de santé de la reproduction, et d’éducation. La sécurité alimentaire des populations sera menacée, en particulier dans le Sud du pays. Le pays devra renforcer sa mobilisation des ressources nationales, et diversifier ses partenariats internationaux pour limiter les impacts de ces chocs ».
R.Edmond.


