
Victime de traumatismes psychologiques, le Maire de la Commune rurale d’Antsakabary est actuellement à Tana pour suivre un traitement médical.
Cela fait plus d’une semaine qu’Andriantsilahosana Franck Lemont est à Antananarivo pour subir des radios, des analyses et des examens médicaux. Nous l’avons rencontré hier. Une occasion de remarquer que le Maire boitille. Apparemment, il a d’énormes difficultés pour se déplacer. Les séquelles de ce qu’il a endurées lors de la descente des éléments de la Force d’Intervention de la Police de Mahajanga dans la Commune d’Antsakabary ne sont pas encore effacées. En tout cas, d’après les témoignages d’Andriantsilahosana Franck Lemont, plus de 400 personnes d’Antsakabary ont été violentées durant la journée du 22 février. Selon ses dires, « seuls les enfants et les personnes âgées ont été épargnés ». « Moi-même, on m’a menotté et on m’a forcé à marcher sur 40 kilomètres. Durant le trajet, ma moto a été pilotée par un policier. Pourtant, pesant 116 kilos, je suis incapable de marcher à pieds. Nous avions ramassé tous les gens qui se trouvaient dans les quartiers où nous sommes passés, à l’exception des petits enfants. Tous, ont subi des violences physiques et morales. En effet, outre les offenses et les menaces verbales, sans parler des insultes et des gros mots, tous, ont subi des brutalités, notamment par des gifles, des coups de crosse de fusils ou des coups de bâtons. Nous avions été roués de coups de ceintures. Ils nous ont également forcés à se déplacer en s’agenouillant devant eux et à se mettre à plat ventre dans la boue. Un habitant du Fokontany d’Ambodifinesy qui a accusé les policiers d’avoir volé son argent a été sévèrement puni. On lui a versé du piment sur les organes génitaux. Mon adjoint et moi, ainsi que plusieurs autres personnes ont été menottés, tandis que d’autres ont été ligotés. Les coups de feu ont retenti à travers toute la ville et les brutalités n’ont cessé que lorsqu’ils sont arrivés dans le quartier de Tavenina pour y passer la nuit. Sous la pression, nous avions été contraints d’écrire un faux rapport pour exclure la responsabilité des policiers dans tout ce qui s’est passé à Antsakabary ». Le dimanche 12 mars, alors qu’il a assisté à un culte dans une Eglise à Ambohipo (Antananarivo), le Maire Andriantsilahosana Franck Lemont s’est évanoui soudainement, certainement suite aux troubles psychologiques causées par cette affaire.
Enquête. Pour ce qui est de l’incendie de 487 maisons d’habitation au niveau de trois Fokontany, à savoir, Ambodifinesy, Ambinanindrano Tavenina et Ambalamanga Ankisingy, le Maire d’Antsakabary refuse de s’y prononcer. « Comme je pèse 116 kilos, il était difficile pour moi de suivre leur rythme, j’ai juste remarqué que des maisons ont pris feu après leur passage au niveau de chaque quartier », a-t-il annoncé. L’on remarque qu’Andriantsilahosana Franck Lemont préfère jouer la carte de la prudence. Certainement afin d’éviter une nouvelle « vengeance policière ». Il a aussi laissé entendre que des individus malintentionnés tentent de politiser cette affaire. Ce jour, un candidat malheureux lors de la dernière élection communale prévoit d’organiser une manifestation publique à Antsakabary. Une collecte de signatures en vue de la destitution du Maire a également été lancée. Celui-ci est accusé de n’avoir rien fait pour défendre la population locale. Questionné sur l’enquête concernant l’incendie de 487 maisons ayant entraîné la mort d’une femme âgée, le Maire a expliqué qu’une équipe d’enquêteurs dirigée entre autres, par un Général de la Gendarmerie et un haut gradé de la Police a déjà effectué une descente à Antsakabary. Une mission de trois jours au cours de laquelle plusieurs centaines d’individus ont été entendus. Des témoignages sur la mort de la femme âgée ayant perdu la vie durant l’incendie aurait même été recueillis. Un mois jour pour jour après les faits, les résultats de l’enquête n’ont pas encore été publiés. Et ce, contrairement à l’enquête sur le meurtre des deux policiers où cinq individus soupçonnés d’avoir participé au lynchage croupissent déjà en prison.
Davis R