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mercredi, juillet 16, 2025
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Tenim-paritra : Entre revendication identitaire et tendance 

On trouve plus de Lala sy Noro que du Jao sy Mbôty.

Le malgache est une langue vivante. Elle a sa propre grammaire, sa littérature, et son accent. Cette langue est également composée de plusieurs parlers. Ceux-ci rendent  le malgache riche en vocabulaires. Pourtant, jusqu’ici, les parlers sont considérés comme de l’argot, alors qu’ils reflètent  des mœurs comme le  fifanajana (le respect), ou le firaisan-kina (la solidarité).  

Depuis toujours, sans vouloir exagérer, la littérature des faritra était mise à l’écart. Certaines osent même dire que «  ce n’est qu’un petit élément négligeable, face à la grande culture des arrières terres ». Une phrase qui irrite beaucoup les habitants du littoral. Sans équivoque, ces petits éléments constituent la culture malgache toute entière.

Depuis toujours, les élèves du primaire n’ont connu  que des auteurs comme Jean Narivony, Jean  Casimir Rabearivelo, Georges Andriamanantena, ou encore Clarisse Ratsifandrihamanana. Il faut poursuivre les études de langues à l’Université pour découvrir des  plumes fines et aiguisées comme  David Jaomanoro. En outre, la centralisation n’est pas seulement politique, elle est aussi culturelle.

Les parlers ne sont-ils pas un langage soutenu ?   Lorsqu’on entendait l’ancien ministre de la Santé parler Sakalava, on fronçait les sourcils. Le malgache avec un grand M est-il le parler des Hautes terres centrales?  Vu qu’en provinces, les professeurs de malgache sont presque originaires de ces régions, la question est vite répondue. Au fur et à mesure que l’élève devient un étudiant, et que  ses enseignants lui font savoir que le malgache avec un grand M n’est pas synonyme du parler Merina, il se perd car rares sont les profs originaires de la région recrutés pour enseigner le malgache.

Ceux qui lisent l’histoire comprennent. Faudra-t-il rappeler que lors de la domination des  Sakalava,  leur parler se pratiquait dans la Grande île du XVIIème au XVIIIème siècle ? Fruit d’une fusion entre l’arabe, le swahili et la langue austronésienne, le Sakalava a laissé des héritages dans la langue malgache. Le temps passe, l’ère change, le royaume merina est à son apogée au  XIXème siècle.

Les missionnaires britanniques sont venus à Toamasina, mais la ville n’était pas accueillante à cause de son climat humide. Alors ils se sont dirigés vers le cœur de la Grande île. En collaboration étroite avec le jeune monarque de la région  qui n’était autre que Radama I,  les missionnaires l’ont – non seulement – soutenu matériellement mais ils ont également culturellement influencé les sujets du souverain. Sans parler du christianisme qui a été facilement implanté, on aperçoit l’empreinte de la  langue anglaise dans le malgache. D’autre part, la traduction de la bible en langue malgache en 1835 était  le début de l’officialisation du « parler merina ».

De leur côté, les Français ont  gagné le cœur des habitants du littoral par le biais du catholicisme au début du XXème siècle. En se considérant comme inclusifs, les prêtres et clergés de l’époque ont puisé dans les us-et-coutumes des régions pour composer des chansons en utilisant le parler des autochtones, raison pour laquelle, on entend des accents côtiers dans la plupart des chants évangéliques catholiques. Toutefois, la langue malgache officielle demeure le parler de ceux des arrières terres.

La jeune génération commence à laisser de côté cette vision rétrograde. Actuellement, c’est par le biais des poésies et des paroles de chansons  que les artistes des faritra effectuent leur revendication culturelle. Les syllabes et l’accent Tavaratra et Tatsimo intéressent les chercheurs linguistes. La thèse du  professeur  Jean Lewis Botohely, « le parler du Nord » (Antakarana, Betsimisaraka Nord, Tsimihety) éclaircit les esprits des éminences grises et l’ élite bourgeoise ». Les groupements des écrivains de la capitale commencent à adhérer aux poètes des régions comme Momo Jaomanga. Les artistes et écrivains non Merina sortent du lot.  Leurs rimes, leur éloquence, leur charme, bref, leurs talents séduisent la jeunesse. Le « tenim-paritra » est devenu tendance. Désormais, les barrières se brisent grâce aux réseaux sociaux. Madagascar n’est plus une île dans une île, bien que les infrastructures routières ne soient pas construites dans certaines contrées.

iss Heridiny 

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