J-2. Plus que deux jours et c’est la fête des mères. Un moment célébré par tous pour rendre hommage à Maman, cette femme qui a donné la vie. Parfois au péril de sa vie, car le fait d’enfanter laisse encore, pour trop de femmes à Madagascar, des séquelles terribles tandis que d’autres, en donnant la vie, perdent la leur.
Terrible injustice
Car dans la Grande île, elles sont actuellement plus de 50 000 femmes qui ont porté la vie en elles, à souffrir terriblement après avoir mis leur enfant au monde. Car ayant vécu une grossesse trop précoce – certaines ont à peine 14 ans – ou confrontées à des complications au moment de l’accouchement, ces femmes ont développé la fistule obstétricale. Un nom qu’on finit par trouver barbare, tellement il implique une souffrance que ces femmes ou adolescentes n’auraient jamais dû endurer si elles avaient eu accès à des soins obstétricaux adéquats au moment de l’accouchement. Une véritable injustice qui a pour résultats des corps disloqués et des esprits en détresse. A cause d’un travail trop long et difficile alors que les soins sont inaccessibles, pour de multiples raisons, le corps a fini par lâcher : des déchirures ont causé une perforation entre le vagin et la vessie, ou le rectum, entraînant une fuite d’urine ou de matières fécales par le vagin. Difficile de comprendre comment ces femmes vivent une telle situation, d’autant plus que très rapidement, à cause de l’odeur qu’elles dégagent et leur situation intime qu’on n’ose même pas imaginer, elles se retrouvent exclues de la vie sociale, parfois abandonnées par leur propre famille. En cette veille de la fête des mères, combien d’entre elles se sentent encore femmes et mères quand elles vivent un tel drame ? Un drame pourtant évitable en ayant davantage accès aux soins obstétricaux. Un drame réparable en ayant accès à la chirurgie pour les « réparer ». Heureusement, certaines d’entre elles, guéries car ayant bénéficié de la chirurgie réparatrice gratuite, ont pu retrouver leur dignité. Beaucoup d’autres prennent encore leur mal en patience. Braves comme elles sont.
Hanitra R.